La République Démocratique du Congo (RDC) vient de franchir une étape stratégique dans son ancrage diplomatique en intégrant le secrétariat général de la Conférence de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie (CONFEJES). Une ascension rendue possible par le plaidoyer déterminant de la ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique, Noëlla Ayeganagato Nakwipone, lors de la 40ᵉ conférence ministérielle à Rabat. Cette nomination consolide la position de Kinshasa comme acteur incontournable du soft power africain au sein de l’espace francophone.
Quelle stratégie a permis à la RDC de marquer ce point diplomatique ? L’analyse des négociations révèle un travail en amont ciblant les décideurs et fonctionnaires internationaux. La ministre Ayeganagato a su capitaliser sur les réseaux de la coopération francophone pour défendre une vision alignée sur les priorités nationales : formation professionnelle, accès au financement et encadrement institutionnel des jeunes. Un discours relayé par Marc-Henry Lundula, conseiller technique du ministère, qui souligne « l’acquisition de ressources clés pour structurer nos politiques jeunesse ».
Ce succès s’inscrit dans la feuille de route du président Félix Tshisekedi visant à hisser le pays au cœur des instances multilatérales. Depuis 2019, la diplomatie congolaise multiplie les initiatives pour transformer le poids démographique – avec 70% de la population sous 25 ans – en levier d’influence. La CONFEJES, créée en 1969, offre un cadre idéal pour valoriser cet atail, notamment via des programmes d’échanges sportifs et d’entrepreneuriat jeunesse.
Les implications de cette élection dépassent le symbole. Elle octroie à la RDC un droit de regard sur les budgets et orientations stratégiques de l’organisation. Une position qui pourrait faciliter l’accès à des fonds dédiés à l’insertion socio-professionnelle, enjeu majeur dans un pays où le chômage des jeunes avoisine 35%. La ministre Ayeganagato l’affirme : « Notre objectif est de co-construire avec la CONFEJES des projets concrets, du mentorat agricole aux bourses d’excellence ».
Ce coup d’éclat diplomatique interroge cependant sur la pérennité de l’engagement. Les observateurs pointent le besoin de résultats tangibles pour les 25 millions de jeunes Congolais. Si les annonces de Rabat dessinent une feuille de route prometteuse – renforcement des centres de formation, certification des compétences –, leur mise en œuvre dépendra des capacités opérationnelles du ministère. Un défi de taille dans un contexte budgétaire tendu.
Reste que cette percée à la CONFEJES consacre une nouvelle génération de cadres publics capables de porter les couleurs nationales sur la scène internationale. Elle confirme aussi l’émergence progressive d’une diplomatie jeunesse RDC structurée, combinant plaidoyer technique et vision panafricaine. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres États francophones en quête de visibilité multilatérale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net