Dans un mouvement attendu depuis les récentes élections sénatoriales, l’Assemblée provinciale du Kwilu a officialisé lundi 19 mai 2025 l’intronisation de cinq députés suppléants, comblant ainsi les sièges vacants laissés par leurs prédécesseurs promus à d’autres fonctions. Cette validation, aussi protocolaire qu’émotionnelle, clôt un chapitre institutionnel tout en ouvrant des interrogations sur les recompositions à venir au sein du gouvernement provincial.
Les circonscriptions de Masimanimba, Idiofa et Bagata voient désormais siéger Kampay Ikweng Bruno, Munganga Gibwila Zebron, Malabuna Mukwa Freddy, Homar Bogard André et Muntente Lusanga Chigo. Ces nominations, bien que mécaniques selon la Constitution, n’en cristallisent pas moins les réalités d’un jeu politique provincial où chaque siège compte. « Vous êtes désormais députés principaux », a lancé Me Claude Kumpel, président de l’Assemblée, avec une solennité teintée d’urgence, comme pour rappeler que la légitimité populaire se mesure à l’aune des réformes concrètes.
Derrière les applaudissements de circonstance, les défis s’accumulent. André Homar Bogard, l’un des nouveaux élus, a souligné sa « conscience des attentes de la population », un mantra récurrent mais rarement suivi d’effets tangibles dans cette province minée par les crises infrastructurelles. Son hommage appuyé à Papy Labila, désormais sénateur, rappelle au passage les réseaux de fidélité qui structurent l’échiquier politique local.
Avec 47 membres désormais actifs, l’hémicycle du Kwilu affiche complet. Pourtant, cette stabilité numérique pourrait n’être qu’un répit. La formation imminente du gouvernement provincial, pilotée par le nouveau gouverneur Philippe Akamituna, suscite déjà des conjectures. L’histoire récente de la province montre en effet une tendance à puiser dans les rangs parlementaires pour composer les exécutifs locaux, pratique qui transformerait cette validation en simple prélude à de nouvelles vacances de sièges.
Quelles conséquences pour l’équilibre politique local ? Si certains y voient une opportunité de rajeunissement de la gouvernance, d’autres dénoncent une mécanique de clientélisme déguisée. La promotion simultanée de Willy Itsundala et Jean-Philbert Mabaya au Sénat illustre cette valse des mandats où l’intérêt général semble parfois s’effacer derrière les carrières individuelles.
Reste que cette validation comble un vide institutionnel critique, alors que le Kwilu doit faire face à des dossiers urgents : relance agricole, accès aux services de base, et tensions communautaires récurrentes. L’efficacité de cette Assemblée maintenant au complet se jugera à sa capacité à transformer les discours en lois structurantes – un exercice où ses prédécesseurs ont souvent buté.
L’épisode relance également le débat sur le statut des députés suppléants en RDC, ces « remplaçants de l’ombre » dont le rôle gagne en visibilité à mesure que les têtes d’affiche gravissent les échelons du pouvoir. Une ascension qui pose question : substitution démocratique ou simple permutation d’élites ?
Alors que Kinshasa observe attentivement ces recompositions provinciales, tous les regards se tournent désormais vers Philippe Akamituna. Le nouveau gouverneur parviendra-t-il à résister à la tentation de débaucher des parlementaires pour son gouvernement ? La réponse déterminera si la stabilité actuelle de l’Assemblée du Kwilu n’est qu’une parenthèse éphémère dans le ballet incessant des ambitions politiques congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd