Lors d’un point de presse tenu par visioconférence ce mardi 20 mai, Troy Fitrell, ambassadeur américain chargé de la diplomatie économique en Afrique, a dessiné les contours d’un nouveau chapitre des relations économiques Afrique-USA. Au cœur de son discours : la nécessité pour la RDC de renforcer ses infrastructures pour attirer les investissements américains, tout en basculant vers un modèle de partenariat économique d’égal à égal.
« Nous quittons l’ère de l’assistance unilatérale pour entrer dans celle des échanges mutuellement bénéfiques », a déclaré l’ambassadeur, martelant que cette transition exige des « réformes structurelles audacieuses ». Un message clair adressé à Kinshasa : sans réseaux ferroviaires modernisés, sans corridors logistiques performants comme le corridor de Lobito, la machine économique congolaise risque de rester en surchauffe.
Ce projet phare, présenté comme un levier de désenclavement régional, illustre la nouvelle doctrine américaine. Loin d’une intervention directe, Washington privilégie désormais un rôle de catalyseur, mobilisant investisseurs privés et bailleurs internationaux. Une approche qui soulève des questions : comment garantir que ces infrastructures RDC bénéficieront autant aux populations locales qu’aux multinationales ? Le diplomate esquisse une réponse en évoquant des « mécanismes de transparence » à venir.
Sur le front diplomatique, l’appel à accélérer les efforts de paix entre la RDC et le Rwanda résonne comme un préalable économique. Les experts s’accordent : aucun partenariat économique RDC-USA durable ne peut éclore dans un climat d’instabilité chronique. « La sécurité des investissements dépend de la sécurité des territoires », rappelle un analyste congolais sous couvert d’anonymat.
En point d’orgue de cette stratégie, un sommet États-Unis-Afrique se tiendra d’ici fin 2024. Objectif affiché : sceller des contrats équilibrés dans les mines, l’énergie et l’agro-industrie. Reste à savoir si ce virage vers un capitalisme « à visage humain » parviendra à concilier rentabilité et développement inclusif. La balle est désormais dans le camp des décideurs congolais : sauront-ils transformer cet intérêt américain renouvelé en opportunités tangibles pour leur économie ?
Avec un taux de croissance oscillant autour de 6% malgré les défis sécuritaires, la RDC conserve un potentiel qui fait saliver les investisseurs. Mais comme le souligne un rapport récent de la Banque mondiale, chaque dollar injecté dans les infrastructures génère ici 2,3 fois plus de retombées qu’ailleurs en Afrique subsaharienne. Un multiplicateur économique qui pourrait faire du corridor de Lobito bien plus qu’une route commerciale : un véritable cordon ombilical pour l’industrialisation du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net