Un document accablant pour la traçabilité des crimes internationaux en RDC
Le mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba (MNS) a remis ce mardi 20 mai 2025 au gouvernement congolais un livre blanc de 119 pages détaillant les crimes graves perpétrés par le RDF-M23 lors de l’occupation de Goma et Bukavu entre janvier et avril 2025. Présenté lors d’une cérémonie solennelle au Musée national de Kinshasa, en présence du vice-premier ministre Jacquemain Shabani et du corps diplomatique, ce rapport constitue une pièce maîtresse pour les procédures judiciaires à venir.
Une mémoire documentaire contre l’impunité
Structuré en dix chapitres, l’ouvrage s’appuie sur des sources multiples : rapports d’organisations internationales, témoignages visuels édifiants et archives médiatiques. Les images insupportables de civils brûlés vifs, de femmes violées systématisées comme arme de guerre et de villages rasés y côtoient des analyses pointues sur le génocide économique subi par la RDC. Le coordonnateur du MNS, le professeur Ntumba Luaba Lumu, a insisté sur « la nécessité de cette traçabilité des crimes internationaux pour établir les responsabilités historiques » devant les instances compétentes.
Douze millions de morts : un génocide silencieux ?
Le document révèle l’ampleur vertigineuse des pertes humaines : plus de 12 millions de morts directs et indirects recensés sur trente années de conflits. « Ce chiffre équivaut à la disparition totale de pays africains entiers », a martelé le professeur Luaba, rappelant que ces victimes représentent 10% de la population congolaise. Les massacres ciblés d’activistes, les déplacements forcés de populations et les attaques contre les infrastructures éducatives y sont méthodiquement cartographiés.
Vers un réveil de la justice internationale
Le vice-premier ministre Shabani a qualifié ce rapport d’« ultime sommation » aux signataires de l’accord d’Addis-Abeba, accusés de passivité face aux violations répétées. Paul Nsapu de la CNDH y voit quant à lui les prémices d’un réveil judiciaire : « La lente mobilisation des États et l’engagement timide de la CPI doivent maintenant se transformer en actions concrètes ». Le livre blanc formule des recommandations clés pour la réparation des victimes et la préservation de la mémoire collective.
Un arsenal probatoire pour les tribunaux
Ce travail de documentation exhaustive répond à un impératif juridique précis : fournir des preuves irréfutables devant la Cour pénale internationale et la Cour constitutionnelle de justice. Les crimes de guerre du M23, notamment les destructions systématiques d’hôpitaux et les exécutions extrajudiciaires, y sont analysés à travers le prisme du droit humanitaire. Reste désormais à savoir si ce génocide économique, soigneusement planifié selon les auteurs, trouvera une réponse judiciaire à sa mesure.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd