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Agathe Habyarimana : la justice française clôt l’enquête sans mise en examen, entre soulagement et controverse

Le 16 mai 2025, la justice française a officiellement clos l’enquête visant Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, sans prononcer de mise en examen. Cette décision marque un tournant dans une procédure judiciaire entamée en 2007, suite à une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) pour « complicité de génocide » et « crimes contre l’humanité » liés au génocide des Tutsi de 1994.

Une enquête longue et complexe

Depuis 2008, Agathe Habyarimana, aujourd’hui âgée de 82 ans, était placée sous le statut de témoin assisté, une position intermédiaire entre celle de simple témoin et celle de mis en examen. Les juges d’instruction ont conclu que les éléments à charge étaient « contradictoires, incohérents, voire mensongers », et qu’il n’existait pas d’« indices graves et concordants » permettant de l’inculper.

Les magistrats ont également souligné l’absence de preuves concrètes liant Agathe Habyarimana à des discours de haine, à la rédaction de listes de Tutsi à éliminer, ou au financement de la Radio-Télévision Libre des Mille Collines, connue pour sa propagande génocidaire. Ils ont estimé que, bien que des rumeurs persistantes existent sur son implication, celles-ci ne peuvent remplacer des preuves circonstanciées et concordantes.

Un rôle controversé dans l’Akazu

Agathe Habyarimana est souvent présentée comme une figure centrale de l’« Akazu », le cercle restreint de proches du pouvoir hutu extrémiste, accusé d’avoir planifié le génocide. Son frère, Protais Zigiranyirazo, a été condamné en première instance pour sa participation aux massacres, bien que cette condamnation ait été annulée en appel.

Malgré ces liens, la justice française n’a pas trouvé de preuves suffisantes pour établir sa responsabilité directe dans les événements de 1994. Elle a été évacuée du Rwanda par l’armée française le 9 avril 1994, trois jours après l’attentat contre l’avion présidentiel qui a déclenché le génocide. Depuis 1998, elle réside en France sans statut légal, sa demande d’asile ayant été rejetée.

Réactions contrastées

L’avocat d’Agathe Habyarimana, Philippe Meilhac, a salué la décision de la justice française, la qualifiant de « soulagement » et appelant à la fin définitive des poursuites.

En revanche, des organisations de défense des droits humains et des rescapés du génocide ont exprimé leur indignation. Patrick Baudouin, avocat de la Fédération internationale pour les droits humains, a déploré « l’absence de mise en examen alors qu’existent des éléments à charge largement suffisants ».

Le Parquet national antiterroriste français (PNAT) a fait appel de la décision, maintenant l’affaire ouverte. Une audience à huis clos est prévue le 21 mai 2025 pour examiner cet appel.

Un symbole des défis de la justice internationale

Cette affaire illustre les difficultés rencontrées par la justice internationale pour poursuivre les auteurs présumés de crimes de masse, en particulier lorsque les preuves sont rares ou contestées. Elle met également en lumière les tensions persistantes entre la France et le Rwanda concernant la responsabilité des acteurs impliqués dans le génocide.

Alors que la France a refusé d’extrader Agathe Habyarimana vers le Rwanda, invoquant des préoccupations liées à la peine de mort et à l’équité du procès, elle a également rejeté sa demande d’asile, la laissant dans une situation juridique précaire.

La clôture de l’enquête sans mise en examen d’Agathe Habyarimana constitue une étape majeure dans une procédure judiciaire qui dure depuis plus de quinze ans. Si cette décision apporte un certain soulagement à la principale intéressée, elle ravive également les blessures des rescapés du génocide et soulève des questions sur la capacité de la justice internationale à rendre des comptes pour les crimes les plus graves.

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