La ville de Goma, en proie à une spirale de violences inédite, enregistre une série macabre d’assassinats et d’exécutions sommaires. Dans le quartier Ndosho, commune de Karisimbi, Augustin Muhindo a été exécuté de plusieurs balles devant sa famille par quatre assaillants armés. Un scénario glaçant qui se répète : moins de 24 heures plus tard, un corps non identifié était découvert à Kyeshero, la tête enveloppée d’un sachet plastique.
La suite est tout aussi brutale. Un présumé voleur a été abattu par des militaires du M23 dimanche 18 mai après des pillages de boutiques. À Kabaya, frontière entre Goma et Nyiragongo, un autre corps portant des traces de lynchage a été retrouvé. Comment expliquer cette recrudescence de justice populaire dans une région déjà traumatisée par l’occupation rebelle ?
L’horreur atteint son paroxysme avec la découverte d’un nourrisson d’une semaine abandonné dans un sac au quartier Lac Vert. La mère, toujours introuvable, fait l’objet de recherches actives selon les autorités locales.
Ces drames s’inscrivent dans un contexte sécuritaire explosif. Rien que la semaine dernière, 12 personnes ont péri dans des attaques ciblées à Mugunga et Katoyi. Un rapport des conseils communaux de jeunesse de Goma et Karisimbi révèle des chiffres alarmants : 15 tués par balle, 9 corps non identifiés et 4 enlèvements en seulement 15 jours.
Les quartiers de Karisimbi, épicentre de ces violences, deviennent le symbole d’une crise multiforme. Entre pression des groupes armés et effritement de l’ordre public, Goma bascule-t-elle dans l’anarchie ? Les forces de sécurité semblent dépassées face à ces attaques nocturnes systématiques.
Avec 110 habitations attaquées et 6 blessés par projectiles en trois semaines, la psychose gagne les populations civiles. Les autorités promettent une enquête approfondie, mais les questions persistent : ces meurtres relèvent-ils de règlements de compte ? D’une stratégie délibérée pour instiller la terreur ?
Alors que le Nord-Kivu affronte une crise humanitaire aiguë, cette nouvelle vague de violence ciblée complique davantage l’accès aux secours. La communauté internationale reste muette face à l’escalade, pendant que les corps s’accumulent dans les rues de Goma.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
