Dans un contexte où la relance du secteur touristique en République Démocratique du Congo (RDC) se heurte à des défis sécuritaires persistants, la Première ministre Judith Suminwa a reçu ce lundi une délégation de l’Office National du Tourisme (ONT). L’objectif ? Trouver des pistes pour transformer un secteur clé, miné par l’insécurité dans l’Est, en véritable levier économique. Un pari audacieux, mais nécessaire, pour un gouvernement qui mise sur le tourisme comme catalyseur d’emplois et de stabilité.
« Nous sommes un pays en guerre », a rappelé Malicka Mukubu, présidente du Conseil d’administration de l’ONT, lors de cet entretien hautement symbolique. Si les avancées sécuritaires sont « évidentes », selon ses termes, la région orientale – autrefois moteur des recettes touristiques – reste paralysée par les conflits armés. Un constat amer pour un territoire regorgeant de sites naturels à potentiel mondial. Comment, dès lors, concilier urgence sécuritaire et ambitions économiques ?
Judith Suminwa a apporté un soutien sans équivoque à l’institution, insistant sur l’« employabilité » et la modernisation du secteur. Une orientation qui résonne avec son programme gouvernemental, où le tourisme figure parmi les priorités. « Le secteur est porteur de développement », a-t-elle affirmé, selon des propos relayés par la délégation. Reste à savoir si cette volonté politique suffira à désamorcer le cercle vicieux insécurité-chômage, particulièrement dans des provinces comme le Nord-Kivu où le taux de jeunes sans emploi frôle les 60%.
Derrière les discours optimistes se profile un défi de taille : redorer l’image internationale d’une RDC souvent perçue comme une destination à risque. L’ONT, établissement public chargé de la promotion touristique, devra déployer des stratégies innovantes. Parmi les pistes évoquées : la professionnalisation des métiers du tourisme et la sécurisation des corridors touristiques. Mais comment attirer les investisseurs sans stabilité durable dans l’Est ?
Le gouvernement Suminwa semble vouloir jouer la carte de la multipolarité. D’un côté, miser sur les richesses naturelles (parcs nationaux, volcans, réserves de faune) pour cibler un tourisme haut de gamme. De l’autre, développer un écotourisme communautaire créateur d’emplois locaux. Une dualité qui pourrait soit générer des synergies, soit diluer les efforts en l’absence de cadre réglementaire clair.
Si les intentions sont louables, l’ombre des groupes armées plane toujours sur le Kivu. La réussite de ce plan dépendra en grande partie de la capacité à pacifier la région – un dossier où le gouvernement congolais reste tributaire des contingences géopolitiques régionales. À moins que Judith Suminwa ne parvienne à faire du tourisme… une arme de paix massive.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: primature.grouv.cd
