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Violences basées sur le genre en RDC : l’UE et l’ONU relancent l’offensive avec le programme UPEG

Dans un bureau climatisé de Kinshasa, le témoignage d’une survivante résonne comme un rappel brutal des défis persistants : « Après le viol, j’ai cru que ma vie s’arrêterait là. Mais aujourd’hui, je reconstruis ma boutique grâce au programme ». Cette parole incarnée donne un visage humain aux enjeux discutés ce lundi 25 mai lors de la troisième réunion du Comité de pilotage du programme « Unies pour l’Égalité des Genres » (UPEG).

Financé à hauteur de 20 millions d’euros par l’Union européenne, ce partenariat entre ONU Femmes et Enabel trace une feuille de route ambitieuse pour 2025. Mais derrière les chiffres et les plans d’action, quelle réalité pour les femmes congolaises ?

La directrice de cabinet du ministère du Genre, Aldachanty Tuluka, a martelé l’urgence d’une « appropriation nationale » du programme. Objectif central : renforcer la stratégie nationale de lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG), tout en accélérant la campagne « Tolérance zéro » du président Tshisekedi. Un défi de taille alors que le Nord-Kivu, l’Ituri et le Sud-Kivu voient les viols exploser – 4 053 cas enregistrés en 2024, soit 14 fois plus qu’en 2023.

« Ce programme n’est pas qu’un outil technique. C’est un levier pour transformer les mentalités », insiste Lauranne Paris Antelo de l’UE. Les résultats tangibles existent : 771 femmes autonomisées économiquement au Sud-Kivu, 692 survivantes soignées médicalement. Mais comment faire mentir la statistique glaçante révélant qu’une Congolaise sur trois subit des violences avant 18 ans ?

La réponse passe par trois piliers clés : renforcer les politiques publiques, impliquer hommes et garçons dans le changement, et intégrer le genre dans tous les secteurs. « L’égalité n’est pas un combat de femmes, mais un projet de société », rappelle un participant à la réunion.

Pourtant, l’ombre des conflits armés plane. Dans l’Est du pays, les groupes rebelles instrumentalisent le viol comme arme de guerre. Le mécanisme d’alerte VBG, bien que renforcé, ressemble parfois à un pansement sur une fracture ouverte. « Chaque jour, des filles fuient les milices. Notre centre d’écoute est submergé », confie une travailleuse sociale de Goma sous couvert d’anonymat.

Face à ce défi multiforme, le programme UPEG mise sur une approche intégrée : soins médicaux, soutien psychosocial, formation professionnelle. « L’autonomie économique est notre meilleure arme contre les violences », explique une bénéficiaire de Bukavu devenue couturière. Mais suffira-t-elle à contrer l’impunité endémique ? Seuls 2% des auteurs de VSBG sont condamnés en RDC…

Alors que les bailleurs internationaux saluent les avancées, la route vers l’égalité réelle reste semée d’embûches. L’appel lancé par l’UE et ses partenaires résonne comme un ultimatum : sans paix durable et implication de tous les acteurs, les progrès resteront fragiles. Car derrière chaque chiffre, il y a une Josephine, une Esperance, une Neema – ces femmes qui, jour après jour, réinventent le sens du mot « résilience ».

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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