Les klaxons assourdissants, les moteurs qui surchauffent, des milliers de conducteurs pris au piège sous un soleil de plomb… À Kinshasa, les embouteillages ne sont plus une simple gêne, mais une épreuve quotidienne qui façonne le tempo de vie des habitants. « Chaque matin, je perds trois heures dans les bouchons. Mon salaire part en carburant », témoigne Joséphine, vendeuse ambulante, résumant une réalité qui mine l’économie et le moral des Kinois.
« À Kinshasa, qui donc est responsable de la circulation routière ? […] Embouteillages interminables, anarchie généralisée, conducteurs indisciplinés, policiers inefficaces… »
La charge virulente de Martin Fayulu sur X a mis le feu aux poudres. L’opposant dénonce une « indifférence scandaleuse » face à un chaos routier aux racines multiples : routes délabrées, absence de feux tricolores fonctionnels, et une police routière jugée « plus prompte à percevoir des pots-de-vin qu’à réguler le trafic ». Comment en est-on arrivé là ?
La réponse se niche dans l’histoire récente. En 2024, le sens alterné imposé sur les avenues Nguma et Tourisme devait soulager la pression. Résultat ? « Les bouchons ont doublé ! », s’indigne un chauffeur de taxi. Une politique à courte vue, selon Fayulu, qui fustige le projet d’alternance des plaques d’immatriculation : « Cache-misère » plutôt que solution structurelle.
Derrière cette crise des transports à Kinshasa se profile un enjeu social brûlant. Les quartiers populaires comme Masina ou Kimbanseke subissent de plein fouet l’isolement lié aux axes congestionnés. « Les ambulances ne passent plus, les marchandises pourrissent dans les camions », alerte un médecin de l’hôpital général. Une urgence sanitaire et économique que les autorités semblent ignorer, préférant des mesurettes médiatiques.
Les propositions de l’opposant – formation des policiers, réhabilitation des infrastructures – soulèvent une question cruciale : où passe l’argent public ? Les contribuables kinois s’interrogent sur la gestion des fonds alloués aux routes, tandis que les chantiers prioritaires tardent. Et si la solution passait par le retour du train urbain, abandonné depuis des décennies ?
Cette paralysie chronique n’est pas une fatalité. À Nairobi ou Lagos, des systèmes de bus rapides ont désengorgé les centres-villes. Mais à Kinshasa, les projets peinent à sortir des tiroirs. Entre inertie politique et opacité financière, les habitants continuent de suffoquer dans un brouillard d’essence et de frustration. Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant que le cri d’alarme de Fayulu ne soit enfin entendu ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd