23.2 C
Kinshasa
mercredi, mai 21, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéEducationAffrontements à Beni : L'éducation sacrifiée sur l'autel des conflits armés

Affrontements à Beni : L’éducation sacrifiée sur l’autel des conflits armés

Dans le groupement de Baswagha-Madiwe, au cœur du territoire de Beni, le bruit des armes a remplacé celui des cahiers. Depuis janvier, les affrontements entre deux groupes armés locaux ont plongé le système éducatif dans un chaos sans précédent. Huit écoles primaires, deux établissements secondaires et même une université se retrouvent paralysés, laissant des milliers d’élèves et d’étudiants en suspens. Comment construire un avenir lorsque les salles de classe deviennent des zones à haut risque ?

« Les enfants fuient les combats, pas le tableau noir », déplore Tchetche Aliamini, président de la société civile locale. Son constat est sans appel : abandon scolaire massif, qualité dégradée des cours, traumatismes psychologiques… Une génération entière risque de sombrer dans l’analphabétisme, creusant un peu plus les inégalités dans cette région du Nord-Kivu déjà éprouvée par des années de conflits.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Près de 5 000 élèves ont quitté les bancs de l’école selon les estimations locales. Certains établissements fonctionnent à 30% de leur capacité. « Quand les tirs éclatent, même les enseignants courent se cacher », témoigne un directeur d’école sous couvert d’anonymat. Cette insécurité chronique autour des écoles de Beni crée un climat de peur permanent, sapant les efforts pour maintenir un semblant de normalité.

Face à l’urgence, les autorités tentent de réagir. L’inspection de l’éducation évoque des « mesures de délocalisation » vers Cantine et Mabalako. Mais déplacer des écoles est-il vraiment la solution ? « Cela revient à déplacer le problème plutôt que le résoudre », critique une enseignante rencontrée près de Mabalako. Pendant ce temps, l’armée a installé une unité militaire dans la zone – preuve que la sécurisation des établissements scolaires reste un défi majeur.

Au-delà des murs d’école, c’est tout le tissu social qui se déchire. Les programmes de soutien psycho-social réclamés par la société civile tardent à se concrétiser. « Beaucoup d’enfants font des cauchemars, d’autres deviennent agressifs », rapporte une assistante sociale bénévole. Sans accompagnement adapté, ces traumatismes risquent de marquer durablement une jeunesse déjà privée de ses repères.

La proposition de créer un centre d’alphabétisation pour les décrocheurs soulève autant d’espoirs que de questions. Qui financera ce projet ? Comment assurer sa sécurité ? « L’éducation ne doit pas devenir un acte de résistance », insiste Tchetche Aliamini, appelant à une mobilisation générale des autorités provinciales et nationales.

Alors que la rentrée scolaire approche dans d’autres régions de la RDC, le groupement de Baswagha-Madiwe reste pris au piège de la violence. Entre fermetures définitives d’écoles et tentatives précaires de maintien des activités, l’équation sécuritaire semble insoluble. Une certitude émerge pourtant : sans protection concrète des établissements et sans soutien aux élèves traumatisés, toute reconstruction du système éducatif restera illusoire.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net

Commenter
Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Derniers Appels D'offres