Alors que s’achève l’opération de transfert des militaires des FARDC et des éléments de la Police nationale congolaise hébergés dans les bases de la MONUSCO à Goma, une question persiste : qu’adviendra-t-il des autres personnes vulnérables prises dans l’étau du conflit au Nord-Kivu ? Des sources locales évoquent des cas de militaires ayant fui vers le Rwanda lors des récentes escalades violentes, ainsi que des acteurs de la société civile contraints à la clandestinité. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), principal artisan de cette médiation humanitaire, apporte des clarifications cruciales.
Dans un entretien exclusif, Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR au Nord-Kivu, précise que l’accord conclu ne couvrait « que les personnes hébergées dans les bases de la MONUSCO ». Une limitation géographique qui laisse en suspens le sort de centaines d’autres individus exposés aux risques du conflit armé. Mais l’organisation garde la porte ouverte : « Si d’autres besoins émergent, nous devrons être mandatés à nouveau comme intermédiaires neutres », affirme-t-elle, soulignant le cadre strict du droit international humanitaire qui régit ses interventions.
Cette précision intervient dans un contexte où la MONUSCO entame son retrait progressif de la RDC, laissant un vide sécuritaire que peinent à combler les FARDC. Le rôle du CICR comme facilitateur neutre devient donc stratégique, notamment pour des opérations sensibles comme les éventuels rapatriements transfrontaliers. Un défi de taille dans une région où la méfiance entre belligérants complique toute médiation.
Les déclarations de Mme Favier rappellent que le mandat du CICR dépasse la simple logistique humanitaire. En RDC, où les cycles de violence se nourrissent souvent de fractures communautaires et politiques, son statut d’intermédiaire neutre lui permet d’agir là où d’autres acteurs échouent. « Notre mission inclut la défense du DIH et la recherche de solutions durables », insiste-t-elle, faisant référence aux récents dialogues locaux facilités par l’organisation dans le Masisi.
Cependant, les obstacles restent nombreux. Comment garantir la sécurité des civils et des militaires isolés sans accord formel entre Kinshasa et Kigali ? Quelle crédibilité accorder aux mécanismes de médiation quand les tensions régionales persistent ? Les experts en résolution de conflits interrogés par Congo Quotidien soulignent l’urgence d’une feuille de route claire associant acteurs locaux et partenaires internationaux.
La balle semble désormais dans le camp des autorités congolaises et rwandaises. Le CICR, bien que prêt à reprendre son rôle d’intermédiaire, ne peut intervenir sans requête officielle. Une situation qui place les diplomates devant leurs responsabilités, alors que le Nord-Kivu reste une poudrière géopolitique. Comme le résume un analyste de Goma sous couvert d’anonymat : « La médiation humanitaire n’est qu’un pansement. La vraie guérison nécessitera des choix politiques courageux ».
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net