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17 mai en RDC : La commémoration qui divise l’armée congolaise

En ce 17 mai 2024, la République Démocratique du Congo commémore une nouvelle fois la Journée nationale des Forces Armées. Une date symbole, chargée d’un héritage aussi complexe que les fractures qui traversent l’institution militaire. Derrière les défilés protocolaires et les discours officiels se cachent des contradictions historiques qui interrogent l’unité même des FARDC.

Instituée en 2019 par le président Félix Tshisekedi, cette journée commémore la prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997, mettant fin à trois décennies de règne mobutiste. Un choix paradoxal : comment célébrer une victoire qui ouvrit la voie à deux guerres régionales et à l’effritement de la souveraineté congolaise ? « L’AFDL a remporté une bataille, mais perdu la guerre de la stabilité », analyse un ancien officier sous couvert d’anonymat.

La fusion des ex-FAZ, du RCD, du MLC et des groupes armés sous l’accord de Sun City (2002) devait incarner la réconciliation. Pourtant, le 17 mai ravive les mémoires antagonistes. Pour les vétérans de l’AFDL, c’est un triomphe. Pour les ex-FAZ, une humiliation. « Comment construire une cohésion en sanctifiant la défaite d’une partie de vos propres troupes ? », s’interroge un politologue kinois.

Plus troublant : Joseph Kabila, fils du vainqueur de 1997, n’avait jamais officialisé cette commémoration durant ses 18 ans au pouvoir. Son successeur, issu de l’opposition historique, l’érige en rite républicain. Un calcul politique ? « En reprenant ce symbole, Tshisekedi tente de récupérer l’héritage sécuritaire tout en distendant les liens entre Kabila et son bastion militaire », décrypte un diplomate occidental.

L’ironie est cruelle : cette date marque aussi l’entrée du Rwanda dans l’équation sécuritaire congolaise. Les alliances de circonstance de 1997 ont engendré un cycle infernal de rebellions par procuration. Trente ans plus tard, les FARDC combattent toujours le M23, accusé d’être soutenu par Kigali. Le 17 mai, miroir déformant d’une armée en quête de cohésion face à des défis persistants.

Reste la question essentielle : une armée divisée peut-elle garantir la sécurité nationale ? Alors que l’Est du pays sombre dans le chaos, les généraux issus des ex-rébellions alternent entre allégeances et calculs personnels. « L’unité des FARDC reste un vœu pieux tant que les promotions dépendront des équilibres politico-ethniques », déplore un expert de la réforme du secteur de sécurité.

En officialisant cette commémoration, le pouvoir actuel prend un risque calculé. D’un côté, il tente d’inscrire les FARDC dans une continuité étatique. De l’autre, il réveille les fantômes d’un passé conflictuel. L’enjeu dépasse le symbole : à l’heure où la communauté internationale exige une armée professionnalisée, le Congo parviendra-t-il à transformer ses guerriers d’hier en soldats de la République ? La réponse déterminera l’issue de la longue quête de paix.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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