Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) dresse un tableau alarmant de la situation dans le territoire de Lubero. Dans son dernier rapport, l’agence onusienne documente une recrudescence sans précédent des violences armées et des besoins humanitaires critiques.
La nuit du 5 au 6 avril a marqué un tournant sanglant avec l’attaque du village de Vuhato. Trente-deux femmes y ont subi des violences sexuelles perpétrées par des combattants non identifiés. Neuf jeunes hommes ont été enlevés lors de ce même assaut, selon les investigations sur place. Ces exactions surviennent dans un contexte d’instabilité chronique où les civils paient le prix fort.
Les localités de Kanune, Luhanga et Mbwavinywa ont été le théâtre d’affrontements meurtriers les 9 et 10 avril. Deux morts civiles et près de 4 000 déplacés enregistrés : tel est le bilan provisoire de ces combats. Les survivants se sont réfugiés à Bunyatenge et Masika, ajoutant à la pression sur des communautés d’accueil déjà exsangues.
Depuis décembre 2024, plus de 16 000 personnes errent dans l’aire de santé de Vuyinga. Ces déplacés internes survivent dans des conditions inhumaines : accès limité à l’eau potable, promiscuité dans des abris de fortune, insécurité alimentaire aiguë. Comment assurer la distribution de l’aide dans des zones sous contrôle armé ?
La menace des restes explosifs de guerre (REG) complique davantage la réponse humanitaire. Dix civils ont péri dans quatre incidents distincts depuis janvier, principalement dans les zones agricoles. Ces engins mortels paralysent l’activité paysanne, pourtant vitale pour la sécurité alimentaire régionale.
À Vuhira (territoire de Beni), des dissensions internes au sein d’un groupe armé ont déclenché une nouvelle vague de panique fin avril. Parallèlement, les opérations militaires conjointes FARDC-UPDF peinent à rétablir une sécurité durable. À Oicha, la population subit toujours le racket systématique des combattants.
Si le sud de Lubero connaît une accalmie relative, les organisations humanitaires surveillent avec inquiétude les mouvements armés à Kitsombiro et Kamandi. L’explosion meurtrière du 26 avril à Kitsombiro rappelle l’urgence de déminer ces zones stratégiques.
Face à cette crise multiforme, l’OCHA plaide pour une mobilisation internationale accrue. L’agence souligne l’impérieuse nécessité de sécuriser les couloirs humanitaires et d’intensifier les programmes de protection civile. La communauté internationale parviendra-t-elle à éviter un nouvel enlisement dans cette région meurtrie ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd