Une nouvelle flambée de violence a endeuillé le territoire de Masisi ce dimanche 18 mai. Trois civils ont perdu la vie et dix autres ont été blessés par balles dans l’agglomération de Katoyi, épicentre de tensions récurrentes entre groupes armés dans le Nord-Kivu. Selon plusieurs témoignages recueillis auprès des notabilités locales, l’auteur présumé de ce carnage serait un combattant en état d’ébriété affilié au groupe Obedi Makuba, structure armée tristement célèbre pour ses exactions dans la région.
Les circonstances de cette tuerie restent nébuleuses. Une première version évoque un tir délibéré sur la foule sans motif apparent, perpétré par un milicien visiblement sous l’emprise de l’alcool. “Il a sorti son arme et a commencé à faire feu froidement, comme dans un stand de tir”, rapporte un notable sous couvert d’anonymat. Cette hypothèse d’une violence gratuite suscite l’indignation parmi les populations déjà traumatisées par des années de conflits.
Cependant, une autre piste émerge des sources sécuritaires locales : le drame trouverait son origine dans une violente dispute entre factions rivales. Le contrôle lucratif des barrières illégales à Katoyi, véritable pomme de discorde entre le groupe Obedi Makuba et des éléments du PARECO, aurait dégénéré en affrontement armé. Ces points de prélèvement forcé, sources de financement pour les milices, cristalliseraient les rivalités entre groupes armés avides de mainmise sur les ressources locales.
Cette tragédie met en lumière l’engrenage infernal qui mine le Nord-Kivu. Comment expliquer la persistance de ces groupes armés malgré les opérations militaires ? Les barrières illégales, véritables institutions parallèles, illustrent l’échec du désengagement des milices. Chaque jour, des milliers de civils doivent composer avec cette économie de la prédation qui alimente le cycle de violence.
Les autorités provinciales restent muettes face à cette nouvelle tuerie. Pendant ce temps, les habitants de Katoyi enterrent leurs morts dans la peur d’une prochaine attaque. Les blessés, évacués vers des centres de santé sous-équipés, symbolisent l’urgence d’une réponse médicale et sécuritaire adaptée. Cette attaque relance le débat sur l’efficacité des mécanismes de protection des civils dans une région où les conflits armés ont fait plus de 1700 morts depuis janvier 2023 selon le dernier rapport de la MONUSCO.
Alors que la communauté internationale multiplie les appels au calme, sur le terrain, la réalité reste brutale. Les civils paient le prix fort de ces rivalités entre groupes armés qui se disputent le contrôle des axes routiers et des ressources. Jusqu’à quand cette population devra-t-elle vivre sous la menace permanente des kalachnikovs ? La réponse des autorités congolaises se fait toujours attendre…
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net