De violents affrontements ont éclaté ce lundi 19 mai entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens du groupe armé Zaïre, à proximité du village de Jina, en territoire de Djugu (Ituri). Selon des sources sécuritaires, ces combats interviennent après l’incendie d’un campement militaire inoccupé des FARDC à Tchulu, attribué aux miliciens. Les échanges de tirs, qui ont débuté aux aurores à Liko, fief présumé de la milice, ont contraint des centaines de civils à fuir vers le campement de la MONUSCO à Jina.
Le bilan provisoire fait état de trois blessés graves, dont un militaire. Deux civils ont été touchés par des balles perdues : l’un à la tête, l’autre à l’abdomen. Les casques bleus népalais de la MONUSCO ont procédé à leur évacuation vers une base onusienne. La région, déjà fragilisée par des mois d’insécurité, voit ses activités économiques et sociales paralysées, alimentant les craintes d’une crise humanitaire.
Cet épisode s’inscrit dans un contexte sécuritaire explosif. La veille, dimanche 18 mai, une embuscade attribuée à la milice CODECO a ciblé une patrouille de l’armée ougandaise près de Bule, dans la même zone. Six morts et plusieurs blessés sont rapportés, bien que les autorités n’aient pas encore confirmé ces chiffres. Ces attaques coordonnées contre des forces régulières interrogent sur la stratégie des groupes armés dans l’Ituri.
Sur le terrain, la tension reste palpable. Des habitants de Jina contactés par téléphone décrivent des déplacements massifs vers Bunia, tandis que les cultures sont abandonnées. « Les marchés sont vides depuis deux jours », témoigne un commerçant sous couvert d’anonymat. Les humanitaires redoutent une recrudescence des besoins en vivres et médicaments.
Les analystes pointent du doigt l’enchevêtrement des conflits dans cette province riche en minerais. La milice Zaïre, active depuis 2022, serait impliquée dans des trafics transfrontaliers, tandis que la CODECO nourrit des revendications communautaires. Les FARDC, engagées sur multiple fronts, peinent à stabiliser la zone malgré l’appui de la MONUSCO.
Une enquête militaire serait en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’attaque initiale à Tchulu. Les questions se multiplient : ces incidents isolés annoncent-ils une nouvelle offensive des groupes armés ? Quel impact sur le processus de désarmement en cours ? Les prochaines heures seront déterminantes pour éviter l’embrasement généralisé.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net