Une réforme structurelle à 2,3 milliards USD pour la Police nationale congolaise
L’Assemblée nationale a validé jeudi 15 mai un projet de loi historique sur la refonte de la Police nationale congolaise (PNC). Ce plan quinquennal 2025-2029, présenté par le vice-premier ministre Jacquemain Shabani Lukoo, mobilisera 2,299 milliards USD pour moderniser l’institution policière.
Trois axes prioritaires structurent cette réforme : le renforcement institutionnel (583 millions USD), la professionnalisation des effectifs (1,664 milliard USD) et l’amélioration de la redevabilité envers les citoyens (51,7 millions USD). Des montants qui suscitent déjà des interrogations : cette enveloppe colossale suffira-t-elle à transformer en profondeur une police souvent critiquée ?
“Le gouvernement présentera annuellement un rapport sur l’exécution budgétaire”, a assuré le ministre de l’Intérieur devant les députés. Un mécanisme de contrôle essentiel pour garantir la transparence des dépenses.
Une programmation financière détaillée
Le calendrier de décaissement prévoit :
- 433,9 millions USD en 2025
- 445 millions en 2026
- 650,6 millions en 2027
- 588,8 millions en 2028
- 180,9 millions en 2029
Les postes de dépenses révèlent des priorités opérationnelles :
- Équipements : 997 millions USD (43%)
- Recrutement/formation : 750 millions USD
- Infrastructures : 89 millions USD
- Retraites anticipées : 379 millions USD
Une synergie avec la programmation militaire
Cette réforme s’inscrit dans le Programme d’actions du gouvernement 2024-2028, dont le deuxième pilier vise explicitement la sécurisation du territoire. Elle fait écho à la loi sur la programmation militaire adoptée précédemment, créant ainsi un continuum stratégique entre police et armée.
Le compte spécial défense et sécurité servira de canal de financement principal. Un choix qui interroge sur l’équilibre entre besoins sécuritaires et sociaux, alors que le pays fait face à de multiples défis économiques.
“90 000 nouveaux policiers seront recrutés d’ici 2029”, a précisé Jacquemain Shabani Lukoo. Un effort sans précédent qui nécessitera des centres de formation agrandis et modernisés.
Les défis de la mise en œuvre
Si les montants impressionnent, leur utilisation effective constituera le véritable test. La réhabilitation des commissariats, l’acquisition de matériel high-tech et la lutte contre la corruption interne figurent parmi les attentes populaires.
Cette réforme arrive dans un contexte sécuritaire tendu, où les populations réclament une police plus proche et efficace. Son succès dépendra de la capacité à traduire ces investissements en résultats concrets sur le terrain.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
