Ce dimanche 18 mai, sous le ciel romain chargé d’émotion, des milliers de fidèles retenaient leur souffle tandis que le Pape Léon XIV célébrait sa messe inaugurale sur la place Saint-Pierre. Parmi eux, une délégation de cardinaux africains, visages graves, portait dans leurs prières les plaies béantes de l’Afrique. « Nous attendons de Sa Sainteté qu’elle soit la voix de ceux que la guerre réduit au silence », confie l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Un appel urgent lancé au nouveau souverain pontife, élu le 8 mai 2025, pour qu’il s’engage dans la résolution des conflits qui ensanglantent la RDC, le Sahel et la corne de l’Afrique.
L’Est de la RDC au cœur des prières
Dans l’ombre du dôme de la basilique, les cardinaux africains ont formulé une requête sans équivoque : « Que le Saint-Père use de son influence spirituelle pour éteindre les foyers de violence en Afrique ». Leur plaidoyer souligne particulièrement la situation critique de l’Est congolais, où des milliers de civils fuient les groupes armés. « Comment rester sourd aux cris des femmes violées et des enfants soldats ? », interroge un prélat congolais présent sur place. Un défi de taille pour Léon XIV, dont le pontificat débute sous le signe de l’urgence humanitaire.
Synodalité ou fracture ? L’Église africaine à la croisée des chemins
Au-delà des conflits armés, les cardinaux ont insisté sur les défis internes à l’Église. La synodalité – ce principe de « marche ensemble » cher au pape François – résonne différemment en Afrique, tiraillée entre traditions locales et doctrine romaine. « Notre jeunesse réclame une Église qui parle le langage de la rue plutôt que celui des sacristies », analyse un expert en ecclésiologie congolaise. Un équilibre délicat pour Léon XIV, dont la relative jeunesse (69 ans) nourrit autant d’espoirs que de scepticismes.
Un pontificat sous le signe de l’unité
Dans son homélie, le 269e successeur de Pierre a surpris par son ton résolument œcuménique : « Aucune frontière ne doit séparer ceux qui croient en la dignité humaine ». Une déclaration qui fait écho aux 200 délégations internationales présentes, dont certaines issues de pays en guerre. Mais comment traduire ces belles paroles en actes concrets ? La question hante les allées du Vatican alors que le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, rappelle que « la paix en RDC passe par une justice économique autant que spirituelle ».
Le temps presse, les espoirs s’accrochent
Alors que le soleil déclinait sur Rome, un fidèle congolais résumait l’attente générale : « Nous avons besoin d’un pape qui écoute l’Afrique comme Pierre écoutait les souffrants ». Entre les murs fissurés de l’Église universelle et les tranchées de l’Est congolais, Léon XIV devra incarner ce pontife à l’écoute du Sud global. Son premier test ? Transformer les vœux pieux en feuille de route actionable, avant que les kalachnikovs n’aient définitivement raison de l’espérance.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net