Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, une ombre plane sur les établissements de la Tshopo. Depuis le 17 mai, inspecteurs et agents de l’éducation de la province éducationnelle Tshopo I ont décidé de croiser les bras. Une grève qui touche au cœur du système éducatif provincial, paralysant jusqu’aux préparatifs des épreuves certificatives. Mais comment en est-on arrivé à cette impasse ?
À l’origine du mouvement social, une prime de fonction spéciale promise mais jamais perçue. « L’État avait pourtant octroyé cette allocation à toutes les provinces », explique David Libana, secrétaire provincial des inspecteurs. Un traitement différencié qui fait grincer des dents : pendant que d’autres provinces bénéficient de cette prime depuis 2023, la Tshopo reste l’exception. Une injustice qui pousse les agents à user de leur dernier recours : la suspension totale des activités.
Les conséquences sont immédiates. « Aucun service ne fonctionne, y compris les examens », martèle le représentant syndical. Une situation qui inquiète parents et élèves à l’approche de l’Examen d’État. « Si Kinshasa veut que ces épreuves se tiennent, qu’elle envoie ses propres équipes », lance un enseignant sous couvert d’anonymat. La menace d’une année blanche plane-t-elle sur la province ?
Derrière ce conflit salarial se profile une question plus fondamentale : la gestion centralisée du secteur éducatif congolais. « Pourquoi certaines provinces seraient-elles privilégiées au détriment d’autres ? », s’interrogent des observateurs. Ce mouvement à Kisangani révèle les failles d’un système où les disparités territoriales alimentent les tensions sociales.
Les grévistes restent intransigeants : « Pas de retour au travail sans paiement intégral ». Une position ferme qui pourrait faire tache d’huile dans d’autres provinces mécontentes. Alors que le gouvernement promet depuis des années une réforme globale de l’éducation, ce nouveau conflit rappelle l’urgence d’une véritable équité dans le traitement des acteurs du secteur.
En attendant, les salles de classe de la Tshopo risquent de rester silencieuses. Entre revendications légitimes et droit à l’éducation, trouvera-t-on un terrain d’entente avant que toute une génération ne paie le prix de cette impasse ? La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales et nationales.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net