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RDC : Clément Kanku presse Tshisekedi de dialoguer avec l’opposition face à l’agression rwandaise

Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est et de crispations politiques internes, l’appel lancé par Clément Kanku, président du Mouvement pour le renouveau (MR), résonne comme un coup de semonce dans l’arène politique congolaise. L’ancien ministre invite Félix Tshisekedi à sortir des sentiers battus du dialogue institutionnel pour privilégier une consultation directe avec les figures incontournables de l’opposition. Une stratégie qui, selon lui, pourrait désamorcer les crises multiples frappant la RDC, notamment l’épineuse question de l’agression rwandaise.

En citant nommément Martin Fayulu (ECIDE) et Moïse Katumbi (Ensemble pour la République), Kanku pointe du doigt l’absence criante de ces poids lourds dans les récentes consultations présidentielles. Son plaidoyer pour un face-à-face entre le pouvoir et ses principaux détracteurs s’inspire ouvertement des pratiques démocratiques occidentales, à l’image d’Emmanuel Macron dialoguant avec Marine Le Pen en France. Une comparaison qui n’est pas sans arrière-pensée : le message sous-jacent dénonce l’opacité des négociations actuelles autour du gouvernement d’union nationale.

« Briser les barrières de la méfiance » : cette formule choc employée par le député honoraire du Kasaï-Central résume à elle seule le paradoxe congolais. Alors que le pays fait face à une agression externalisée, les calculs politiciens continuent de primer sur l’urgence patriotique. La proposition d’une conférence nationale sur la paix apparaît ici comme un moyen détourné de critiquer la démarche jugée trop sélective du Palais de la Nation. Ne s’agirait-il pas, in fine, de contourner les mécanismes institutionnels perçus comme des chasses gardées du pouvoir ?

La référence aux élections de 2028, habilement glissée dans le discours de Kanku, agit comme un rappel à l’ordre : en période de crise existentielle, le calendrier électoral doit s’effacer devant l’impératif sécuritaire. Une position qui contraste avec les récentes sorties médiatiques de certains acteurs politiques, déjà en campagne larvée. Reste à savoir si cette injonction à l’union sacrée parviendra à transcender les rancœurs nées des scrutins contestés de 2018 et 2023.

Sur le fond, la balle est désormais dans le camp présidentiel. Accepter ce dialogue élargi reviendrait pour Tshisekedi à reconnaître implicitement les limites de sa stratégie d’ouverture contrôlée. Mais le refuser exposerait le chef de l’État à des accusations d’autisme politique, alors que les provinces orientales sombrent chaque jour davantage dans la violence. Un dilemme cornélien pour un pouvoir tiraillé entre nécessité d’apaisement et crainte de dilution de son autorité.

L’initiative de Kanku, bien que présentée comme constructive, n’en charrie pas moins ses ambiguïtés. En associant dans un même élan Fayulu, Katumbi et le FCC, ne risque-t-on pas de mêler des oppositions structurelles à des rivalités de circonstance ? La question mérite d’être posée, tant les divergences idéologiques entre ces mouvances pourraient transformer la conférence nationale en chambre d’échos stériles. Gageure supplémentaire : comment concilier urgence sécuritaire et lourdeur protocolaire d’un tel exercice démocratique ?

Alors que Kinshasa s’enlise dans des jeux d’appareils, les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri brûlent. Le timing de cette proposition n’est sans doute pas anodin : elle survient alors que la communauté internationale accentue sa pression pour une résolution négociée du conflit avec le Rwanda. En se posant en promoteur du dialogue politique inclusif, Kanku positionne subtilement son mouvement comme force de proposition alternative. Stratège chevronné, l’ancien ministre semble avoir compris que dans le grand jeu d’échecs géopolitique congolais, les pions de l’opposition unie pourraient bien devenir des fers de lance.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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