Une délégation mixte des Régies des voies fluviales (RVF) et de la Cimenterie de Katanda mène actuellement une mission cruciale dans le Kasaï-Oriental. Objectif affiché : réveiller le potentiel économique de la région par une révolution des transports fluviaux. Au cœur de ce projet ambitieux – la construction d’un port à Kansenga, à 25 km de Mbuji-Mayi, qui pourrait redessiner la carte logistique de cette province minière stratégique.
« Nos cours d’eau sont des boulevards naturels sous-exploités », explique Cédric Tschumbu, directeur technique de la RVF. Son constat est sans appel : sur les 16 238 km de voies navigables que compte la RDC, moins de 30% sont réellement opérationnels. Le tronçon Mpanya Mutombo-Kansenga illustre parfaitement ce gâchis infrastructurel, bloqué par un enchevêtrement de roches, bancs de sable et embâcles végétaux.
La première phase du projet, en cours depuis le 16 mai, mobilise des équipes techniques le long des 350 km du parcours fluvial concerné. « Cette prospection minutieuse déterminera la faisabilité technique et financière des travaux », précise M. Tschumbu. Les résultats guideront les deux phases suivantes : le désensablement prioritaire puis l’aménagement durable des berges.
Quels impacts concrets pour le Kasaï-Oriental ? Le désenclavement de cette province diamantifère pourrait réduire de 40% les coûts de transport des minerais selon des projections sectorielles. Un souffle nouveau pour Mbuji-Mayi, dont l’activité économique reste tributaire de routes terrestres dégradées. « Un port à Kansenga créerait un hub multimodal connectant mines, agriculture et centres urbains », analyse un expert en logistique sous couvert d’anonymat.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie nationale de relance des RVF, qui prévoit 87 millions USD d’investissements d’ici 2025. Un pari risqué ? Les défis sont multiples : coordination interministérielle, financements pérennes, préservation écologique. Mais les enjeux économiques justifient l’audace : selon la Banque centrale congolaise, chaque dollar investi dans les infrastructures fluviales génère 3,2 USD de PIB supplémentaire à cinq ans.
La réussite de ce chantier phare dépendra de la synergie entre acteurs publics et privés. La Cimenterie de Katanda, partenaire clé, y voit déjà un levier pour approvisionner ses sites miniers. Reste à transformer l’essai : si les études confirment la viabilité du projet d’ici fin 2024, les premiers bateaux pourraient voguer vers Kansenga dès 2026. Un courant porteur pour toute la région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net