La province du Tanganyika est en alerte face à une flambée de choléra sans précédent à Kalemie. Avec plus de 800 cas et 8 décès enregistrés depuis janvier, cette crise sanitaire révèle une fois de plus la vulnérabilité des populations confrontées au manque d’eau potable et aux catastrophes naturelles. Comment en est-on arrivé là, et que faire pour éviter une propagation hors de contrôle ?
Les récentes inondations ont joué un rôle clé dans cette escalade. Selon Germain Kalunga, superviseur des soins de santé primaire, les eaux de crue ont charrié des déchets de latrines vers le lac Tanganyika et la rivière Lukuga, transformant ces sources vitales en vecteurs mortels. « Une partie de la population n’a pas d’autre choix que de consommer cette eau contaminée », déplore-t-il. Une situation aggravée par les dysfonctionnements de la REGIDESO, dont les robinets restent désespérément secs dans plusieurs quartiers.
Le choléra, cette maladie liée à l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés, se propage à la vitesse d’un incendie dans cette région dépourvue d’infrastructures adaptées. Entre avril et mai, les centres de santé ont enregistré jusqu’à 100 admissions quotidiennes, submergeant les capacités locales. « Les lits manquent, le personnel est épuisé, mais nous mobilisons tous les infirmiers disponibles », explique notre source sanitaire.
Face à cette urgence épidémique en RDC, les autorités rappellent les gestes barrières : désinfection systématique de l’eau, lavage des mains au savon, et consultation immédiate en cas de diarrhées aiguës. Des équipes mobiles distribuent actuellement des solutions de réhydratation et des pastilles purifiantes. Mais ces mesures restent insuffisantes sans un accès durable à l’eau propre.
Cette crise met en lumière un cercle vicieux bien connu : catastrophes climatiques + infrastructures défaillantes = bombes sanitaires à retardement. Le lac Tanganyika, normalement source de vie, devient paradoxalement un danger public quand les systèmes d’assainissement font défaut. Une réalité qui interpelle sur l’urgence d’investissements durables dans la région.
Pour briser la chaîne de contamination, des spécialistes préconisent trois axes : renforcer la chloration de l’eau au niveau communautaire, accélérer la vaccination ciblée, et restaurer d’urgence le réseau de la REGIDESO. « Chaque jour sans eau potable accroît le risque de nouvelles contaminations », insiste un médecin sur le terrain.
Alors que la saison des pluies se poursuit, la vigilance reste de mise. Les habitants sont invités à signaler tout cas suspect au 102 (numéro vert sanitaire) et à participer aux campagnes de sensibilisation. Car dans cette course contre la montre, chaque geste de prévention compte pour éviter que Kalemie ne devienne l’épicentre d’une épidémie régionale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net