Alors que la République démocratique du Congo (RDC) se prépare à des élections cruciales, une autre bataille diplomatique se joue sur la scène internationale. Le pays intensifie ses efforts pour décrocher un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) pour la période 2026-2027. Une candidature portée par une stratégie multidimensionnelle, dévoilée lors de récentes rencontres à Berlin et New York.
Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères, a lancé l’offensive lors de la réunion ministérielle de l’ONU sur le maintien de la paix en Allemagne. Dans la continuité, Antoine Ghonda Mangalibi, ambassadeur itinérant du président Félix Tshisekedi, a présenté aux membres permanents du CSNU un agenda articulé autour de sept piliers stratégiques. Ces priorités, qualifiées de « feuille de route pour une diplomatie active », visent à repositionner la RDC comme acteur clé des enjeux globaux.
Parmi ces axes figurent la gouvernance éthique des ressources naturelles – sujet sensible pour ce pays minier –, une réforme des opérations de paix onusiennes, et l’intégration des femmes et jeunes dans les processus de sécurité. La transition climatique occupe également une place centrale, la RDC misant sur sa gestion de la forêt tropicale du bassin du Congo pour affirmer son rôle de « pays solution ».
« Cette candidature n’est pas qu’une ambition nationale », souligne Antoine Ghonda Mangalibi. Elle s’inscrit dans une vision panafricaine visant à « influencer les décisions sur des questions cruciales comme le DDR ou le changement climatique ». Un discours qui résonne avec les défis sécuritaires persistants dans l’Est congolais, où la MONUSCO – plus grande mission de paix de l’ONU – opère depuis 1999.
Quelle place pour l’Afrique dans la gouvernance mondiale ? La RDC semble vouloir incarner ce débat historique. En rappelant ses deux précédents mandats au CSNU (1982-1983 et 1991-1992), Kinshasa met en avant une expérience forgée dans les crises. « L’Afrique doit être le levier qui basculera l’histoire universelle », a martelé le diplomate, citant Cheikh Anta Diop.
Cette campagne survient dans un contexte géopolitique tendu. Alors que les critiques fusent sur l’efficacité du Conseil de sécurité face aux conflits modernes, la RDC propose une refonte du multilatéralisme. Son argument-choc ? Une expertise terrain dans la gestion des conflits armés et des ressources naturelles, deux enjeux cruciaux pour la stabilité mondiale.
Reste à convaincre les membres permanents du CSNU. Si certains observateurs saluent la cohérence du programme congolais, d’autres s’interrogent sur sa capacité à concilier urgences nationales et leadership global. La suite dépendra des alliances tissées dans les prochains mois – un véritable test pour la diplomatie tshisekedienne.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd