« Nous marchons dans l’eau jusqu’aux genoux pour traverser ce qui reste de la route. Nos enfants ne peuvent plus aller à l’école, les malades meurent avant d’atteindre l’hôpital. » Le témoignage bouleversant de Julienne Mwamini, mère de cinq enfants à Samba, résume le calvaire vécu par des milliers d’habitants du Maniema. La route nationale numéro 2, artère économique vitale reliant quatre provinces, s’est muée en paysage apocalyptique après une semaine de pluies torrentielles.
Une route transformée en rivière
Le tronçon Samba-Lusangay, long de 135 km, présente désormais des crevasses de plusieurs mètres de largeur. « Les eaux ont creusé des ravins qui divisent la route en trois segments distincts », explique Abedi Kazimoto Dallas, président de la société civile locale. Les camions de marchandises restent embourbés dans une boue argileuse, tandis que les mototaxis – dernier moyen de transport disponible – multiplient les accidents.
L’étau économique se resserre
Dans les marchés de Kindu et Kalima, le sac de farine de manioc a atteint 50 000 francs congolais (20$), soit une hausse de 300% en sept jours. « Le prix du poisson fumé devient prohibitif », s’indigne un commerçant de Kasongo, montrant des étals vides. Cette flambée des prix frappe une population dont 72% vit déjà sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
Un isolement aux conséquences sanitaires
Le centre de santé de Lusangay n’a plus reçu de médicaments depuis le 15 août. « Nous utilisons des plantes médicinales pour les accouchements », confie une infirmière sous couvert d’anonymat. Pendant ce temps, des tonnes de cassiterite – minerai stratégique – restent bloquées dans les mines artisanales, privant l’État de précieuses recettes douanières.
Appel à l’action gouvernementale
La société civile exige une réponse urgente. « Chaque jour sans route coûte des vies et appauvrit la province », insiste Dallas. Les experts rappellent que ce corridor routier représente 40% du trafic commercial Est-Ouest de la RDC. Jusqu’à quand les populations devront-elles payer le prix fort du délabrement des infrastructures nationales ? La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net