Ce dimanche 18 mai, Kinshasa se pare des lueurs argentées du septième art. Dès 17h30, le Terrain Comète devient un sanctuaire éphémère où l’écran se confond avec le ciel étoilé. Ciné sous les étoiles, cette initiative qui électrise la scène culturelle congolaise, propose une nouvelle immersion sensorielle. Mais au-delà du divertissement, que cache cette nuit cinématographique ?
Hénoc Kiyombo, architecte de ce projet ambitieux, évoque une « alchimie entre l’intime et l’universel ». Le film Léa, venu du Congo-Brazzaville voisin, déchire le voile sur un tabou brûlant : les violences sexuelles en milieu scolaire. « Le cinéma n’est pas un miroir, mais un marteau », semble murmurer les images de ce long-métrage qui trouble les consciences. Les ombres dansantes des spectateurs se mêleront-elles aux fantômes de ces récits étouffés ?
La projection devient ici acte militant. Chaque plan, chaque silence porte l’urgence de briser la loi du silence. « Quand une élève sur trois connaît des attouchements dans son établissement, fermer les yeux équivaut à complicité », tonne Kiyombo. Le choix de ce film transcende les frontières : entre Kinshasa et Brazzaville, le fleuve Congo charrie désormais des dialogues inédits. L’échange culturel Congo-Brazzaville prend ici des allures de catharsis collective.
Mais la magie opère aussi par son écrin. Le concept de cinéma en plein air réinvente la salle obscure : ici, les étoiles sont complices du récit. Le vent nocturne caresse les visages attentifs, tandis que la pellicule déroule ses secrets. « Chaque séance est une cérémonie », confie un habitué de ces nuits où le quartier se transforme en agora culturelle.
Derrière l’enchantement, un défi logistique se profile. L’expansion du projet à six villes de la RDC dessine une cartographie culturelle audacieuse. « Notre rêve ? Implanter des cathédrales de lumière permanentes », révèle Kiyombo. Un pari sur l’avenir qui nécessitera équipements dédiés et équipes locales – pierres angulaires d’une véritable démocratisation du 7ᵉ art.
Ce dimanche, alors que les premières images de Léa danseront avec les lucioles, une question persistera : et si ces séances sous la voûte céleste étaient les semences d’une révolution culturelle ? Entre dénonciation sociale et poésie urbaine, Ciné sous les étoiles tisse sa toile – mélange subtil de divertissement et de manifeste politique.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd