Dans un coin du Kongo Central souvent éclipsé par les défis infrastructurels, une lueur d’espoir émerge des salles de classe de l’Institut de la Cilu à Lukala. Quatre jours d’atelier d’écriture ont suffi à révéler le potentiel insoupçonné d’élèves avides de libérer leur créativité. Mais comment une telle initiative parvient-elle à redéfinir le rôle de la littérature jeunesse dans une région où les opportunités culturelles se font rares ?
Quand l’écriture devient un outil d’émancipation
Du 6 au 9 mai 2025, 80 élèves âgés de 12 à 18 ans ont décrypté les mystères de la nouvelle littéraire sous la guidance des écrivains Rufus Mata et Joyeux Ngoma.
« L’objectif était de créer un espace où l’écriture devient un outil de construction de soi »,
confie ce dernier, fondateur du Cercle Du Savoir. Au programme : création de personnages crédibles, construction de tensions narratives et surtout, découverte de sa propre voix littéraire.
Le Kongo Central face au défi de la formation littéraire
Derrière le succès de cet atelier se cache une réalité accablante : Lukala symbolise les déserts culturels d’une province pourtant riche en talents.
« Les politiques culturelles nous oublient trop souvent »,
déplore Ngoma. Pourtant, les textes produits par les élèves – empreints de réalisme magique et de critiques sociales – témoignent d’une maturité déconcertante. Preuve que la formation littéraire pourrait combler un vide éducatif criant.
Des clubs de lecture comme rempart contre l’oubli
L’enthousiasme post-atelier a conduit à des mesures concrètes : création imminente d’un club de lecture et publication d’un recueil collectif.
« Nous voulons un écosystème durable où l’écriture devient réflexe quotidien »,
explique le romancier. Une ambition qui pourrait s’étendre à Kinshasa et d’autres provinces, selon les partenariats en cours de négociation.
La littérature jeunesse comme laboratoire social
Les enseignants présents ont observé des transformations surprenantes : « Des élèves timides se sont métamorphosés en conteurs passionnés », rapporte un professeur de français. Cet atelier démontre que la littérature jeunesse n’est pas un luxe, mais un levier essentiel pour le développement cognitif et l’estime de soi. Une réalité que Nsimba Balembi Masudi, promoteur de l’Institut, compte bien institutionnaliser.
Alors que le soleil se couchait sur la cérémonie de clôture, un élève de 4e humanité résumait l’esprit du projet : « Maintenant, je sais que mes mots peuvent voyager plus loin que mon village. » Une prise de conscience qui, multipliée par 80, dessine les contours d’une renaissance culturelle pour le Kongo Central.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd