Dans un geste de solidarité qui a ému les cœurs, des centaines de familles déplacées par les violences du M23 à Butembo ont reçu une lueur d’espoir ce vendredi 16 mai. Au stade du 15 Octobre, des sacs de riz, de la semoule et des vaches ont été distribués sous le regard attentif des autorités provinciales. « Nous étions abandonnés à notre sort », confie une mère de cinq enfants, les yeux rivés sur son lot de farine de manioc. « Ce don, c’est plus qu’une aide : c’est un message que notre existence compte. »
L’initiative émane du député national Patrick Munyomo, qui a choisi de vendre une parcelle pour financer cette action. « La guerre d’agression rwandaise vous a arraché à vos terres », a-t-il lancé devant une foule silencieuse, rappelant l’origine du conflit au Nord-Kivu. Trois tonnes de riz, une de semoule, une de farine et cinquante vaches : des chiffres qui résonnent comme un baume pour ces familles en errance depuis des mois.
Mais Butembo n’est qu’une étape. À Beni, des veuves de militaires – souvent invisibles dans les récits de guerre – ont également bénéficié de la générosité de l’élu. « Quand mon mari est tombé au front, l’État a promis de ne pas nous oublier », témoigne une veuve, le regard empreint de lassitude. « Aujourd’hui, ce geste nous redonne un peu de dignité. » Une reconnaissance étendue au président Tshisekedi, dont la décision de revaloriser les soldes des militaires a été saluée.
Derrière ces scènes de gratitude se cache une réalité plus âpre. Pourquoi les déplacés du M23 dépendent-ils encore de dons privés pour survivre ? La question hante les allées du stade du 15 Octobre. Si l’action de Patrick Munyomo – accompagné des députés Elvice Kiyaya et Jeanine Mapera – est louable, elle met en lumière les failles d’un système où l’aide humanitaire peine à suivre l’ampleur des besoins. « Ces distributions nous sauvent aujourd’hui, mais demain ? », s’interroge un jeune homme, les bras chargés de vivres.
Le conflit au Nord-Kivu, marqué par des décennies de violence, continue de générer des vagues de déplacés. Les 100 000 USD précédemment offerts par Munyomo aux déplacés de Kinshasa, comme les récentes distributions, révèlent une urgence persistante. Pendant que les autorités provinciales applaudissent ces initiatives, des voix s’élèvent pour demander des solutions durables : sécurisation des zones de retour, relance agricole, soutien psychologique aux veuves de militaires à Beni…
En attendant, chaque sac de riz distribué symbolise à la fois l’espoir et l’impasse. Dans un pays où près de 6 millions de personnes sont déplacées internes, selon l’ONU, ces gestes de bienfaisance – bien que vitaux – ressemblent à des gouttes d’eau dans un océan de besoins. La vraie bataille, celle de la paix et de la reconstruction, reste à gagner.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net