Dans un contexte marqué par la recrudescence des tensions liées à l’offensive du M23 soutenue par Kigali, la Dynamique des Politologues de la RDC a initié mercredi 14 mai 2025 un atelier inédit sur la communication politique constructive. Objectif affiché : transformer les discours partisans en leviers pour la cohésion nationale. Une initiative saluée, mais qui soulève des questions sur sa capacité à infléchir des dynamiques de polarisation ancrées.
« Comment des communicateurs habitués à l’affrontement médiatique peuvent-ils devenir des architectes du vivre-ensemble ? » interroge Christian Moleka, coordinateur de l’organisation. Son analyse pointe un paradoxe congolais : alors que le pays fait face à une agression externe, les clivages internes continuent de fragiliser le front national. La réponse proposée ? Un recyclage idéologique des porte-paroles politiques, majorité et opposition confondues.
« Les leaders doivent produire un discours qui réduise les fractures plutôt que de les exploiter », insiste Moleka, soulignant le rôle crucial des présidents de partis. Un vœu pieux dans un paysage politique où la surenchère verbale rapporte souvent plus d’audience que le consensus.
L’atelier, soutenu par la MONUSCO et le CEPAS, mise sur la formation technique : lutte contre la désinformation, maîtrise des réseaux sociaux, construction de récits intégrateurs. « Nous devons communiquer des valeurs plutôt que des attaques personnelles », plaide Dena Lunkunku Jocelyne du parti Envol. Une prise de conscience tardive alors que les fakes news politiques inondent quotidiennement l’espace médiatique congolais.
Nicole Etiota du MLC y voit pourtant l’ébauche d’une révolution culturelle : « Notre formation prône depuis toujours des communications responsables ». La déclaration fait sourire quand on connaît l’histoire médiatique mouvementée de ce parti. Reste que l’engagement affiché par des responsables de bords opposés suggère une lueur d’espoir.
Mais l’exercice pèche par son caractère sectoriel. En formant uniquement les communicants sans contraindre les leaders, ne risque-t-on pas de créer des porte-paroles schizophrènes, tiraillés entre les bonnes pratiques apprises et les directives partisanes ? La question reste en suspens, même si Moleka promet « un plaidoyer ascendant vers les présidents de partis ».
Cet atelier souligne surtout l’urgence d’inventer de nouveaux modèles communicationnels dans une RDC en guerre hybride. Alors que les balles du M23 résonnent à l’Est, les mots des politiques à Kinshasa pourraient se révéler tout aussi décisifs pour préserver l’unité nationale. Reste à savoir si cette initiative préfigure une véritable mutation des pratiques ou constituera simplement une parenthèse vertueuse dans le tumulte politique congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd