Alors que la 8e Semaine mondiale des Nations Unies pour la sécurité routière bat son plein, la République Démocratique du Congo se trouve face à un défi de taille : protéger ses piétons et cyclistes tout en encourageant les transports écologiques. Avec près de 30% des décès routiers impliquant des usagers vulnérables selon l’OMS, l’urgence d’agir n’est plus une option, mais une nécessité vitale.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme avec un constat implacable : 1,2 million de morts annuels sur les routes, dont 270 000 piétons et cyclistes. Un drame amplifié en RDC par des infrastructures défaillantes. « Seulement 0,2% des routes mondiales ont des pistes cyclables », rappelle le Dr Tedros Adhanom, Directeur général de l’OMS. Dans nos villes congolaises, cette statistique prend une résonance particulière quand trottoirs et passages cloutés relèvent souvent du mirage.
Face à ce tableau préoccupant, la nouvelle boîte à outils de l’OMS arrive à point nommé. Ce guide pratique vise à aider Kinshasa et autres provinces à concilier mobilité active et sécurité. Au programme : conception de zones piétonnes sécurisées, implantation de pistes cyclables protégées, et sensibilisation des conducteurs. Une approche holistique qui pourrait révolutionner nos déplacements urbains.
« Marcher ou pédaler, c’est bon pour la santé publique et l’environnement », insiste le Dr Tedros. Un message crucial pour la RDC où les embouteillages étouffent les grandes villes tandis que la pollution atmosphérique cause 15 000 décès prématurés annuels selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Les transports écologiques apparaissent ainsi comme une solution doublement salvatrice.
Mais comment transformer cette vision en réalité congolaise ? L’exemple des pays pionniers montre qu’investir dans les infrastructures sauve des vies. Aux Pays-Bas, les pistes cyclables séparées ont réduit de 75% les accidents mortels à vélo depuis 2000. Une leçon à méditer pour Kinshasa, où seulement 12% des artères principales disposent d’aménagements piétons décents selon une récente étude municipale.
La balle est désormais dans le camp des autorités. Intégrer systématiquement des trottoirs dans les nouveaux projets routiers, généraliser les limitations à 30 km/h près des écoles, former les forces de l’ordre à la protection des usagers vulnérables : autant de mesures concrètes issues du guide de l’OMS. Des solutions peu coûteuses mais à l’impact vital, surtout pour nos enfants qui représentent 22% des piétons tués en RDC.
Cette mobilisation internationale trouve un écho particulier au Congo, où l’Alliance mondiale des ONG pour la sécurité routière coordonne déjà des actions locales. Des patrouilles citoyennes sécurisant les traversées scolaires à Lubumbashi aux ateliers de réparation vélo gratuits à Kisangani, la société civile montre la voie. Reste à amplifier ces initiatives avec un appui institutionnel fort.
Et si notre pays saisissait cette occasion pour repenser sa mobilité ? En combinant sécurité routière et transports écologiques, la RDC pourrait réduire simultanément les accidents, les émissions polluantes et les dépenses de santé. Un triple dividende à portée de main, pourvu que la volonté politique suive. Comme le souligne un expert congolais : « Protéger les piétons, c’est protéger notre avenir ». À quand des villes congolaises où marcher ne sera plus un parcours du combattant ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
