« Avant, aller chercher de l’eau, c’était risquer sa vie. Maintenant, je peux respirer. » Ces mots de Kavira, mère de quatre enfants à Kilya, résument le calvaire vécu par des milliers de femmes du Nord-Kivu. Depuis le 13 mai, un projet de la MONUSCO transforme leur quotidien. Dans cette localité à 27 km de Beni, deux forages équipés de pompes photovoltaïques et cinq bornes-fontaines promettent un accès sécurisé à l’eau potable. Une révolution pour une région meurtrie par les conflits et les épidémies.
Derrière ces infrastructures se cache un double combat : protéger les femmes des violences sexuelles et enrayer les maladies hydriques. Chaque jour, des centaines de filles parcouraient jusqu’à 10 km pour puiser une eau contaminée, sous la menace des groupes armés. « Les femmes rapportaient des seaux pleins, mais vidées de leur dignité », lance un activiste local. Le forage Kilya change la donne : 20 000 litres d’eau potable produits quotidiennement, distribués via 20 robinets publics.
Ce projet QIPS répond à une urgence sanitaire criante. Dans le territoire de Beni, 65% des ménages consomment de l’eau de surface non traitée. Résultat : choléra, typhoïde et diarrhées aiguës ravagent les familles. « L’an dernier, mon fils a failli mourir d’une infection », confie un père déplacé. La MONUSCO mise sur l’accès à l’eau comme rempart contre ces fléaux. Mais le défi dépasse la technique : il s’agit de reconstruire un tissu social déchiré par des années de violence.
Le chef du groupement de Malambo salue une initiative « alignée sur le mandat de protection des civils ». Pourtant, des questions persistent. Combien de temps faudra-t-il pour généraliser ce modèle à tout le Nord-Kivu ? Les communautés seront-elles formées à l’entretien des pompes solaires ? Autant de défis pour pérenniser l’impact de ce projet. Une certitude : à Kilya, chaque goutte qui coule des robinets publics lave un peu plus les plaies d’une région en quête de paix.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net