Exode massif à Walikale : la psychose M23 fait fuir des milliers de civils
Une vague de panique a provoqué la désertion totale de Kimua et des localités voisines dans le groupement Waloa Yungu. Dès l’aube du 14 mai, des centaines de familles ont pris la route vers Waloa Uroba, fuyant une menace imminente des rebelles AFC/M23 signalés dans le secteur.
Selon Bwira Bisika, secrétaire administratif du groupement, cette psychose s’est propagée après la réception d’un message alarmant dans la nuit du mardi. Les combattants, positionnés à Kasopo à la frontière de Walikale et Masisi, auraient annoncé le redémarrage de leurs offensives. « Leur présence se renforce depuis les derniers accrochages avec les wazalendo », précise-t-il.
Les routes menant à Waloa Uroba sont désormais encombrées de civils transportant matelas et vivres à dos d’homme. Plusieurs villages présentent un aspect fantomatique avec maisons verrouillées et étals abandonnés. « Même les enseignes ont fermé leurs portes par précaution », témoigne un habitant joint par téléphone.
Une crise sécuritaire qui s’enracine
Cette fuite collective intervient dans un contexte de tension extrême au Nord-Kivu. Les positions stratégiques de Kasopo permettent aux rebelles de contrôler des axes vitaux entre Walikale et Masisi. Les derniers renforts signalés dans la zone alimentent les craintes d’une reprise des combats à grande échelle.
Les autorités locales tirent la sonnette d’alarme : « Nous avons besoin d’un déploiement urgent des FARDC et d’un appui logistique pour sécuriser notre groupement », insiste Bwira Bisika. Malgré les appels répétés, aucune présence militaire renforcée n’a été constatée sur le terrain ce jeudi matin.
Le spectre des précédents attaques
La mémoire collective des habitants reste marquée par les incursions sanglantes de 2022. À l’époque, des attaques similaires avaient fait des dizaines de victimes civiles et provoqué le déplacement de 15 000 personnes. Cette expérience traumatisante explique la réaction rapide des populations cette fois-ci.
Comment une simple rumeur peut-elle provoquer un tel mouvement de panique ? Les observateurs pointent le manque criant de canaux officiels d’information. « Les civils n’ont d’autre choix que de réagir au premier signal pour survivre », analyse un expert en sécurité contacté par notre rédaction.
Une course contre la montre humanitaire
Les organisations locales s’organisent pour faire face à l’afflux de déplacés à Waloa Uroba. « Nous anticipons des besoins urgents en abris, nourriture et soins médicaux », alerte un responsable associatif sous couvert d’anonymat. La région, déjà éprouvée par des mois de conflits, craint de voir ses capacités d’accueil dépassées.
Alors que le gouvernement provincial promet une « réaction appropriée », sur le terrain, les civils continuent de fuir. Cette nouvelle crise dans l’est de la RDC rappelle cruellement l’instabilité chronique qui mine la région depuis des décennies. Entre psychose et realpolitik, Walikale retient son souffle.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd