Déploiement stratégique du FRIVAO dans les provinces orientales : une avancée majeure pour les victimes
Le Fonds de réparation et d’indemnisation des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO) a officiellement lancé, ce mercredi 14 mai, ses nouvelles antennes opérationnelles dans les provinces du Bas-Uele, du Haut-Uele et de l’Ituri. Cette décision, annoncée par voie de communiqué, marque un tournant décisif dans l’application de l’arrêt historique de la Cour internationale de justice (CIJ) condamnant l’Ouganda en 2022.
Une proximité renforcée pour une réparation équitable
Conformément à sa feuille de route, le FRIVAO justifie ce déploiement territorial par la nécessité de « rapprocher le dispositif de réparation des populations éprouvées ». Les victimes de la Grande Orientale, région particulièrement affectée par les exactions documentées entre 1998 et 2003, pourront désormais déposer leurs requêtes sans avoir à parcourir des centaines de kilomètres. Une avancée saluée par les observateurs, alors que seules 101 personnes avaient été indemnisées avant août 2024.
Chançard Bolukola relance la machine judiciaire
Sous l’impulsion du comité dirigé par Chançard Bolukola, le rythme des compensations s’est accéléré de manière spectaculaire : 14 309 dossiers traités en neuf mois, contre moins de 200 auparavant. Cette performance s’appuie sur un protocole strict validé par le gouvernement congolais, combinant vérification archivistique des préjudices et audit financier indépendant. Le communiqué insiste sur « l’impératif de transparence absolue » guidant chaque étape procédurale.
Les défis persistants d’une indemnisation à grande échelle
Si les progrès sont indéniables, le FRIVAO reconnaît devoir résoudre plusieurs complexités. Près de 23% des dossiers enregistrés présentent des contradictions dans les preuves matérielles, nécessitant des enquêtes complémentaires. Par ailleurs, l’identification des victimes non recensées lors des premières phases – souvent situées dans des zones enclavées – reste une priorité. « Aucune réclamation légitime ne doit être ignorée », affirme le texte, sans toutefois avancer de calendrier précis pour ces régularisations.
Vers une extension du processus aux réparations collectives ?
Alors que l’accent a été mis jusqu’ici sur les indemnisations individuelles, des voix s’élèvent pour demander la prise en compte des destructions d’infrastructures publiques. Bien que le mandat actuel du FRIVAO ne couvre pas cet aspect, plusieurs parlementaires de l’Ituri ont annoncé préparer une proposition législative en ce sens. Cette évolution potentielle pourrait redéfinir l’ampleur des réparations dues par Kampala, estimées à plusieurs milliards de dollars par des experts internationaux.
Conclusion : un processus sous haute surveillance
La crédibilité de ce mécanisme repose désormais sur sa capacité à maintenir cette dynamique dans des provinces encore minées par l’insécurité. Alors que les premières indemnités commencent à circuler, la société civile appelle à un contrôle renforcé pour éviter tout détournement. Prochaine étape cruciale : la publication attendue fin juin du rapport d’activité semestriel, qui devra détailler l’origine des fonds distribués et les critères d’éligibilité appliqués.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net