Dans la chaleur étouffante de Kinshasa, 500 femmes se serrent les unes contre les autres. Épouses de militaires envoyés au front dans l’Est de la RDC, elles partagent un même fardeau : survivre au quotidien dans l’ombre d’une guerre sans fin. Ce mardi 13 mai 2025, au camp militaire Lieutenant Kokolo, un rare moment de répit émerge alors que le Consortium de Solidarité Humanitaire distribue vivres et kits d’hygiène. Une lueur d’espoir dans un contexte où la crise humanitaire frappe particulièrement les femmes militaires RDC.
« Avant, je croyais que le plus dur était d’attendre mon mari. Maintenant, je lutte pour que mes enfants ne sentent pas qu’il est absent », murmure Justine, 32 ans, en ajustant son pagne usé. Comme elle, des centaines de mères jonglent entre prix du marché en hausse et salaires impayés.
L’initiative soutenue par ONU Femmes RDC et le Ministère du Genre révèle une réalité crue : derrière chaque uniforme se cache une famille en sursis. Les sacs de riz et bidons d’huile empilés ne sont pas qu’une distribution vivres militaires – c’est un filet de sécurité pour celles qui incarnent l’autre versant des conflits armés.
« Ces femmes portent une double charge : remplacer le père absent et compenser les carences de l’État », analyse Thérèse Mbunga, coordinatrice de SAUTI YA MAMA. Leur quotidien ? Des quartiers sans eau courante, des écoles payantes et des nuits à calculer les jours écoulés depuis le dernier contact avec leur époux.
« La dernière fois que j’ai eu des nouvelles ? C’était via un collègue blessé », glisse Grâce, 28 ans, en caressant son kit hygiène comme un trésor. Son récit éclaire une statistique glaçante : 70% de ces familles ignorent si leur proche est vivant ou mort.
L’aide humanitaire Est Congo prend ici un visage concret. Mais comment expliquer que ces héroïnes silencieuses restent si longtemps invisibles ? Les organisations présentes tirent la sonnette d’alarme : sans soutien régulier, cette crise sociale pourrait saper les efforts de paix. « Quand une mère ne nourrit plus ses enfants, tout le tissu social se déchire », insiste un membre du RENADEF.
Pourtant, derrière les sourires de soulagement, une question brûle : cette distribution ponctuelle suffira-t-elle à endiguer la détresse ? Les bénéficiaires le savent – le riz sera consommé en quelques semaines. Reste alors l’angoisse du « après ». « J’ai partagé mon sac avec trois voisines plus démunies », confie une participante, rappelant que la solidarité féminine devient souvent la dernière bouée.
Alors que le soleil décline sur Kokolo, une évidence s’impose : répondre à la crise humanitaire femmes nécessite plus qu’une intervention d’urgence. Il faudra des écoles gratuites pour leurs enfants, des centres de santé accessibles, des mécanismes de suivi psychologique. En un mot : une reconnaissance officielle de leur statut de victimes collatérales des guerres congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd