Le vice-Premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, a révélé une affaire troublante de disparition de deux bacs offerts par le Chef de l’État dans la province du Sud-Ubangi. Selon une correspondance adressée au ministre de l’Intérieur, ces équipements fluviaux, destinés à faciliter la mobilité des populations locales, auraient été « purement et simplement vendus » à un ressortissant camerounais dans un contexte de complicité institutionnelle.
Les investigations préliminaires pointent une collusion entre l’administrateur du territoire de Kungu, le chef de secteur de Dongo et un magistrat dont l’identité reste protégée. Les bacs, selon des sources judiciaires, auraient été acheminés vers Ifondo, en République du Congo voisine, compliquant toute tentative de restitution immédiate. Comment ces équipements stratégiques ont-ils pu être détournés sans éveiller les soupçons ? La question hante désormais les couloirs du gouvernement provincial.
Le gouverneur Michée Mobonga Lobo, saisi par le vice-Premier ministre, a ordonné la suspension immédiate des fonctionnaires impliqués. « Une instruction formelle a été donnée pour leur audition à Gemena », a-t-il déclaré, tout en évoquant les obstacles liés à la localisation du magistrat suspecté. Ce dernier se trouverait dans une zone de l’Est du pays sous contrôle rebelle du M23, selon des renseignements sécuritaires.
L’enquête prend une dimension nationale avec l’implication présumée d’un colonel des FARDC. Les éléments recueillis suggèrent son rôle central dans la négociation du trafic, soulevant des interrogations sur les réseaux d’influence permettant ce type de délits. Le parquet général près la Cour d’appel de Gemena aurait déjà identifié des preuves matérielles, dont des documents de transfert de propriété falsifiés.
Jean-Pierre Bemba a qualifié cet acte de « sabotage socio-économique », rappelant que ces bacs devaient désenclaver des communautés riveraines de l’Ubangi. Les retombées sont déjà palpables : augmentation des tarifs de pirogues, difficultés d’accès aux marchés et aux services de santé. Une situation qui alimente le mécontentement populaire dans une province déjà éprouvée par les défis logistiques.
Sur le plan juridique, les charges retenues incluent abus de fonction, complicité de détournement de biens publics et blanchiment d’actifs. Le tribunal de grande instance de Gemena devrait être saisi dans les prochains jours, selon des sources proches du dossier. Reste à savoir si les autorités congolaises parviendront à obtenir la coopération transfrontalière nécessaire pour rapatrier les bacs.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net