Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a porté des accusations graves contre l’armée rwandaise et le groupe armé M23/AFC, les qualifiant d’auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ces allégations, formulées dans un communiqué officiel du vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, révèlent une escalade de violences systématiques entre le 10 et le 13 mai 2025.
Selon les autorités congolaises, des opérations de traque ciblant des civils ont été menées à Goma, ainsi que dans les territoires de Nyiragongo et Masisi. Les quartiers de Ndosho, Mugunga et Sake, entre autres, ont été le théâtre d’exactions qualifiées de « stratégie de terreur ». Le bilan provisoire fait état de 107 personnes assassinées, plus de 4 000 hommes et garçons enlevés, et des centaines de cas de viols, tortures et pillages. Les structures sanitaires n’ont pas été épargnées, selon le communiqué.
Comment expliquer l’ampleur de ces violations sans précédent ? Les autorités pointent une stratégie de repeuplement à visée ethnique, matérialisée par l’installation de familles rwandaises munies de cartes d’identité de Kigali. Cette pratique, assimilée à une forme d’épuration, soulève des questions sur les intentions géopolitiques régionales.
Le gouvernement congolais invoque une violation flagrante de la Convention de Genève et de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. Les restrictions à la liberté de circulation et les incursions dans les hôpitaux constituent, selon Kinshasa, des atteintes directes au droit international humanitaire. Les réfugiés vivant dans les zones occupées feraient l’objet d’une chasse à l’homme méthodique.
Ces accusations s’inscrivent dans un contexte de tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, alimentées par des conflits récurrents dans le Kivu. Le M23/AFC, soutenu selon plusieurs rapports onusiens par Kigali, contrôle des portions stratégiques du territoire congolais depuis 2022. Les récentes opérations décrites suggèrent une intensification des tactiques d’intimidation.
Quelles suites judiciaires pour ces allégations ? Le vice-premier ministre Shabani a annoncé la constitution d’un dossier probant pour saisir les instances internationales. La Cour pénale internationale (CPI) et les mécanismes de justice transitionnelle de l’Union africaine pourraient être sollicités. Reste à savoir si la communauté internationale adoptera des sanctions ciblées ou un renforcement de la mission de paix régionale.
La crise humanitaire à Goma, déjà aggravée par le déplacement de 800 000 personnes selon l’ONU, risque de s’enliser sans une réponse coordonnée. Les ONG locales dénoncent une pénurie de médicaments et un accès bloqué aux zones de conflit. Les prochains jours détermineront si ces dénonciations se traduiront par des actions concrètes ou resteront lettre morte.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net