Dans un contexte de tensions politiques exacerbées, les récentes accusations de l’ex-ministre des Finances Nicolas Kazadi font l’effet d’une bombe à Kinshasa. Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales dénonce avec virulence un « système clientéliste » qui aurait transformé les caisses de l’État en véritable pompe à finance pour le clan présidentiel.
Une mise en cause venue de l’intérieur du pouvoir
La plateforme politique pointe un dysfonctionnement structurel : « Ces révélations émanant du cœur du pouvoir montrent une confiscation des ressources publiques par l’entourage immédiat du président », peut-on lire dans leur communiqué. Les allégations portent sur un détournement présumé de 30 millions de dollars dans le cadre du contrat chinois, somme qui aurait été répartie comme des jetons de présence parmi les proches du chef de l’État.
Une violation constitutionnelle érigée en système ?
Le Cadre de concertation brandit les articles 56 et 57 de la Constitution congolaise comme un glaive juridique. « Ces pratiques constituent une haute trahison », affirme-t-il, soulignant le paradoxe d’un pouvoir élu sur promesse de moralisation devenu accroc aux pratiques opaques. La critique vise particulièrement l’instrumentalisation présumée des institutions de contrôle, réduites au rôle de figurants dans cette pièce de théâtre politico-financière.
La Cour des comptes dans le collimateur
Comment expliquer le silence des vérificateurs publics face à ces malversations financières en RDC ? La question hante les couloirs de l’Assemblée nationale. Les signataires du texte, dont les figures montantes Claudel André Lubaya et Seth Kikuni Masudi, exigent du Parquet général près la Cour de cassation une enquête implacable. « Seule une justice indépendante pourra restaurer la confiance érodée », plaident-ils, dans un climat où chaque révélation nourrit le soupçon d’un clientélisme d’État généralisé.
Les risques d’une crise de légitimité
Cette affaire pourrait marquer un tournant dans le quinquennat de Félix Tshisekedi. Le président congolais joue désormais sa crédibilité sur son aptitude à garantir l’équité des investigations. Le danger ? Voir se consumer dans les flammes du scandale les derniers vestiges de la légitimité populaire acquise en 2018. La balle est dans le camp de la justice – à moins qu’elle ne soit déjà dans celui de la rue ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd