En l’espace de deux semaines, l’Hôpital général de Kindu au Maniema a enregistré une centaine de cas de choléra, selon les déclarations du Dr Jean Buredi. Cette flambée épidémique, directement liée à la consommation d’eau contaminée, place la province dans une situation sanitaire critique alors que le fleuve Congo connaît sa période de crue annuelle.
« La moyenne de huit patients par jour à la 19ᵉ semaine épidémiologique montre l’urgence de la situation », alerte le médecin-directeur. Comme une bombe à retardement, les eaux polluées du fleuve – véritable artère vitale pour les populations riveraines – se transforment en vecteur mortel. Les quartiers situés en amont et en aval du Congo paient un lourd tribut, leurs habitants utilisant cette eau impropre pour boire, cuisiner et se laver.
Comment une telle catastrophe survient-elle ? Le choléra, cette infection intestinale aiguë, se propage à la vitesse de l’éclair lorsque les conditions d’hygiène se dégradent. Diarrhées violentes, vomissements en jet et déshydratation extrême : tels sont les symptômes qui conduisent les malades vers l’Unité de traitement choléra (UTC) soutenue par Médecins Sans Frontières (MSF).
« La montée des eaux aggrave le problème en noyant les latrines et en dispersant les matières fécales », explique le Dr Buredi. Un cocktail explosif pour une région où seulement 30% de la population aurait accès à des points d’eau potable selon les dernières estimations. MSF, en première ligne depuis des années contre les épidémies en RDC, renforce actuellement ses équipes médicales et ses distributions de kits hygiène.
Mais peut-on vraiment endiguer cette crise sans s’attaquer à sa racine ? Les experts insistent sur le triptyque WASH (Water, Sanitation, Hygiene) : traitement de l’eau par chloration, lavage des mains au savon, et construction de toilettes sécurisées. « Une famille sur deux ici nettoie ses récipients avec l’eau du fleuve sans désinfection préalable », déplore un agent de santé communautaire.
Face à cette urgence, les autorités provinciales et les ONG lancent un plan de réponse incluant :
- La chloration systématique des points d’eau
- Des campagnes de vaccination orale ciblée
- La mise en place de brigades sanitaires mobiles
Reste un défi majeur : sensibiliser les populations rurales isolées. « Beaucoup croient encore que le choléra est une malédiction plutôt qu’une maladie évitable », confie une infirmière de MSF. Pourtant, des gestes simples sauvent des vies : faire bouillir l’eau, se laver les mains avant de manger, et consulter immédiatement dès les premiers symptômes.
Avec la saison des pluies qui s’intensifie, la course contre la montre est engagée. Les spécialistes redoutent un pic épidémique dans les prochaines semaines si des mesures radicales ne sont pas prises. L’espoir repose sur une mobilisation collective : chaque citoyen doit devenir un relais de prévention pour briser la chaîne de transmission.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net