La Route nationale numéro 4 (RN4), artère économique vitale reliant Kisangani à Beni, traverse une crise sans précédent. Son délabrement avancé, caractérisé par des bourbiers géants et des portions effondrées, paralyse le transport des produits vivriers et menace la stabilité des marchés du Nord-Kivu. Selon des témoignages recueillis ce mardi 13 mai 2025, des camions chargés de denrées périssables restent immobilisés depuis des jours, transformant cette voie en piège à ciel ouvert.
Une hémorragie économique sur les PK critiques
Entre les PK 62 et 65, puis aux PK 118 et 130, la chaussée n’existe plus. « C’est un parcours du combattant », décrit un chauffeur de poids lourd interrogé par MCP. Les pluies récentes ont aggravé l’état de ces tronçons, créant des mares boueuses dépassant un mètre de profondeur. Résultat : 85% des véhicules lourds tentant le trajet restent embourbés, selon les estimations des transporteurs locaux.
La bombe à retardement des denrées périssables
Dans cette course contre la montre, les pertes s’accumulent. Un convoi typique transportant 20 tonnes de choux-fleurs, oignons et carottes subit des dégâts évalués à 15 000 USD par jour de blocage. « Nos récoltes pourrissent sous nos yeux », alerte un commerçant de Beni, évoquant une hausse de 40% des prix sur les marchés de Goma et Butembo. La RN4 assure normalement 60% de l’approvisionnement en légumes frais du Nord-Kivu, selon les données du ministère des Transports.
Effet domino sur les ménages et l’économie locale
Cette paralysie transporteuse crée un choc en cascade. Les ménages dépensent désormais 25% de leur budget alimentaire pour compenser la pénurie, d’après une enquête rapide de la Chambre de commerce. Les petits producteurs, incapables d’écouler leurs stocks, risquent un endettement massif. « Nous assistons à une contraction du PIB informel régional », analyse l’économiste Augustin Mwamba, soulignant que le secteur agricole représente 35% de l’activité économique provinciale.
Urgence réhabilitation : un plan de sauvetage attendu
Face à cette crise, les appels se multiplient pour une intervention d’urgence. Les professionnels réclament un plan en trois volets : déblayage immédiat des axes critiques, installation de plaques de stabilisation temporaires, et lancement d’un projet de bitumage durable. Le coût estimé ? Environ 12 millions USD pour les travaux prioritaires, selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2024. Mais les interrogations persistent : où trouver ces fonds dans un contexte de rigueur budgétaire nationale ?
Alors que Kinshasa a inscrit la réhabilitation des infrastructures routières parmi ses priorités pour 2025-2030, le cas de la RN4 devient un test crucial. Sa remise en état conditionne non seulement la sécurité alimentaire de millions de Congolais, mais aussi la crédibilité des ambitions de développement du pays. Comme le résume un habitant de Kisangani : « Cette route, c’est notre cordon ombilical. Sans elle, c’est toute la région qui étouffe. »
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net