Dans un contexte marqué par des tensions économiques récurrentes, la République Démocratique du Congo (RDC) tente de relancer son Cadre permanent de concertation économique (CPCE), mécanisme de dialogue suspendu depuis près de sept ans. Une séance de travail présidée ce mardi par Albert Kasongo Mukonzo, directeur de cabinet du vice-Premier ministre de l’Économie nationale, a dessiné les contours d’une renaissance ambitieuse pour cet organe stratégique.
Créé en 2001 et confirmé par décret en 2015, le CPCE représente historiquement « un circuit de régulation essentiel » entre pouvoirs publics, secteur privé et société civile. Son hibernation depuis 2016-2017 a coïncidé avec une multiplication des crises sectorielles, des litiges fiscaux aux déséquilibres des marchés de consommation. « La surchauffe actuelle du climat des affaires congolais exige une reprise urgente du dialogue structuré », analyse un rapport interne consulté par notre rédaction.
Le diagnostic présenté par Prospère Tshiamala, secrétaire exécutif adjoint du CPCE, révèle une institution confrontée à des défis opérationnels majeurs : moyens logistiques insuffisants, faible représentativité des parties prenantes, et absence de mécanismes de suivi des résolutions. Pourtant, son rôle de modérateur lors des précédentes crises – comme la flambée des prix des denrées de base en 2015 – démontre son potentiel régulateur.
La relance envisagée s’appuie sur un triple levier : actualisation du cadre légal, élargissement des membres associatifs, et création d’une plateforme numérique de médiation. « Il s’agit de transformer le CPCE en véritable laboratoire des politiques économiques », explique un expert du ministère sous couvert d’anonymat. Une ambition qui nécessitera cependant un budget annuel évalué à 500 000 USD, selon des projections préliminaires.
Quels impacts concrets pourrait générer cette revitalisation ? Les entreprises congolaises y voient d’abord un outil de prévention des conflits fiscaux, responsables selon la FEC (Fédération des Entreprises du Congo) de 30% des contentieux judiciaires actuels. Les associations de consommateurs espèrent quant à elles un canal officiel pour infléchir les politiques de prix. Reste à savoir si cette initiative survivra aux réalités politiques : sur les 15 structures similaires créées depuis 2000 en RDC, seules trois fonctionnent encore.
La réussite de ce « New Deal économique » dépendra largement de son ancrage légal. Le ministre Daniel Mukoko Samba prévoit d’ici fin juin un arrêté ministériel actualisant les modalités de concertation. Une course contre la montre s’engage alors que le pays affiche une inflation annuelle de 13,5% et des réserves de change en baisse de 22% sur un an. Le CPCE renaîtra-t-il en pompier économique ou en simple chambre d’enregistrement ? La réponse se jouera dans les prochains arbitrages budgétaires.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
