La République Démocratique du Congo (RDC) affirme sa voix dans le débat mondial sur l’avenir des opérations de paix onusiennes. Une délégation de haut niveau, conduite par le vice-Premier ministre de la Défense Guy Kabombo Muadiamvita et la ministre des Affaires Étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, participe activement au Sommet ministériel des Nations Unies sur le maintien de la paix à Berlin. Cet événement, tenu du 13 au 14 mai 2025, cristallise les enjeux d’une réforme urgente face à des conflits de plus en plus complexes.
Organisé dans un contexte marqué par l’augmentation des tensions géopolitiques et des contraintes budgétaires, ce sommet vise à renforcer l’efficacité des Casques bleus. Les discussions portent sur l’adaptation des missions aux menaces asymétriques, la sécurisation des soldats de la paix et l’optimisation des partenariats internationaux. Pour Kinshasa, cette plateforme est une opportunité stratégique : à quelques semaines des élections générales, la RDC y défend son bilan avec la MONUSCO et promeut sa candidature pour un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
« La RDC réitère son engagement en faveur de la Résolution 2773 et du rôle central de la MONUSCO », a déclaré le ministère des Affaires Étrangères sur X, évoquant notamment l’appui logistique de la mission lors du redéploiement des forces armées congolaises. Un message qui résonne alors que le pays aspire à incarner un leadership africain en matière de résolution des crises. Mais comment concilier les attentes locales avec les réalités opérationnelles des missions onusiennes, souvent critiquées pour leur lenteur ?
Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a lancé un appel sans équivoque à Berlin : « Repensons les missions pour qu’elles répondent aux défis d’aujourd’hui. » Face à la recrudescence des attaques contre les Casques bleus en RDC, au Liban ou en Centrafrique, il a plaidé pour une modernisation des équipements et des doctrines d’intervention. « Protéger les civils exige des moyens adaptés aux guerres hybrides », a-t-il insisté, rappelant le sacrifice de 4 400 soldats de la paix depuis 1948.
Le contexte congolais illustre ces défis. Alors que la MONUSCO entame son retrait progressif, les autorités de Kinshasa veulent transformer son rôle historique en levier diplomatique. La RDC, qui fut membre du Conseil de sécurité en 1982-1983 et 1991-1992, mise sur son expérience des crises internes pour influencer les futures résolutions. Son argument ? Aucun pays ne comprend mieux les réalités du maintien de la paix que ceux qui en ont accueilli les missions.
Pourtant, les attentes sont immenses. En RDC, les populations dénoncent parfois l’inefficacité des forces onusiennes face aux groupes armés. Le sommet de Berlin abordera justement la nécessité de rapprocher les missions des communautés locales, via un renforcement des capacités civiles et un meilleur dialogue. Une approche que Kinshasa encourage, tout en défendant le principe de souveraineté nationale.
Avec près de 80 ans d’existence, le système onusien est à un carrefour. Les coupes budgétaires imposées par certains États membres contrastent avec l’élargissement des mandats des Casques bleus. La RDC, si elle intègre le Conseil de sécurité, devra naviguer entre ces contradictions. Son objectif affiché ? « Innover pour que le maintien de la paix retrouve sa crédibilité », résume un diplomate congolais sous couvert d’anonymat.
Alors que le monde observe les prémices d’une nouvelle ère pour les opérations de paix, un fait demeure : sans un soutien politique et financier accru, même les réformes les mieux conçues risquent d’échouer. La délégation congolaise à Berlin le sait : militer pour l’efficacité des Casques bleus, c’est aussi préparer l’après-MONUSCO.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd