Le tribunal militaire de garnison de Kitona a entamé, ce mardi 13 mai, l’examen de l’affaire impliquant l’adjudant-chef Médard Katonzi, accusé d’avoir perpétré une fusillade meurtrière dans une église de Banana, au Kongo-Central. Deux fidèles ont perdu la vie, tandis que trois autres ont été grièvement blessés lors de cet acte de violence inédit, survenu dimanche dernier au sein de l’église Bethsaïda Ministry.
Lors de cette audience inaugurale, le prévenu, membre de la force navale congolaise, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. La salle d’audience, installée dans l’enceinte de la tribune du territoire de Muanda, a entendu le récit sobre d’un militaire d’une cinquantaine d’années, dont les motivations demeurent énigmatiques. Aucune explication n’a été avancée par l’accusé ou ses représentants légaux pour justifier cette attaque, alimentant les interrogations sur les circonstances ayant conduit à ce drame.
Le parquet militaire a souligné la gravité des charges retenues : homicide volontaire, tentative d’homicide et usage illégal d’arme à feu. Comment un membre des forces de défense a-t-il pu se retrouver au cœur d’une telle tragédie ? Cette question, bien que posée implicitement par l’assistance, reste sans réponse pour l’heure. Les témoignages des survivants, encore sous le choc, pourraient éclairer les prochaines audiences.
La chambre a ordonné le renvoi de l’affaire au 28 mai prochain, délai nécessaire selon la défense pour « examiner les éléments à charge ». Cette décision a suscité des réactions contrastées parmi les proches des victimes, présents en nombre. « Nous demandons justice, mais aussi des garanties pour que de tels actes ne se reproduisent plus », a déclaré un membre de la communauté religieuse, sous couvert d’anonymat.
Sur le plan juridique, l’affaire Médard Katonzi pose des défis singuliers. Le statut militaire de l’accusé, la nature des charges et le contexte sécuritaire fragile du Kongo-Central complexifient la procédure. Le tribunal devra notamment trancher sur la qualification des faits : s’agit-il d’un acte isolé ou révélateur de dysfonctionnements plus profonds au sein des corps armés ?
Les autorités provinciales, par la voix du procureur militaire adjoint, ont affirmé leur détermination à « faire toute la lumière » sur cette fusillade. Une enquête parallèle aurait été ouverte pour déterminer si des négligences dans la gestion des armes réglementaires ont facilité ce drame. Des mesures disciplinaires à l’encontre de supérieurs hiérarchiques ne sont pas exclues.
Alors que Banana, localité côtière habituellement paisible, tente de panser ses plaies, ce procès cristallise les attentes en matière de justice transitionnelle. Les prochaines audiences, cruciales pour l’établissement des responsabilités, seront scrutées tant par les familles des victimes que par les observateurs des droits humains.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net