La cour militaire de Kinshasa a entendu ce lundi 12 mai 2025 le rapport médico-légal déterminant dans l’affaire de la mort violente du policier Kabeya Senda. Le général Tshomba Hondo, expert désigné par la juridiction, a confirmé que le décès résultait d’une hémorragie cérébrale provoquée par un traumatisme crânien, écartant toute cause naturelle. Ses conclusions techniques apportent un éclairage crucial sur les circonstances ayant entraîné la perte de contrôle d’un convoi gouvernemental devenu symbole d’impunité.
Selon l’expertise présentée sous serment, les lésions observées – sang extravasé au cuir chevelu et dans la boîte crânienne – corroborent la thèse d’un impact violent. « Le cerveau a subi une onde de choc mécanique, probablement due à des coups répétés », a précisé le médecin légiste devant une salle d’audience attentive. Cette déclaration fait écho à la vidéo virale montrant sept policiers de l’Unité de protection des installations et hautes personnalités (UPI-HP) frappant l’officier de roulage après l’interception du convoi de la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka.
La défense a tenté de contester la causalité directe entre les violences filmées et l’hémorragie fatale. En réponse, le général Tshomba a rappelé les principes de la traumatologie judiciaire : « Quand la résistance des vaisseaux cérébraux est dépassée par une force externe, l’issue est souvent mortelle. La chronologie des événements ne laisse place à aucun doute raisonnable. » Une argumentation appuyée par le Ministère public, qui souligne la violation flagrante des procédures d’escorte.
L’audition du commandant Dodo Tshinyama, responsable de l’UPI-HP, a par ailleurs révélé des dysfonctionnements hiérarchiques. Pourquoi des gradés expérimentés – dont un commissaire supérieur adjoint et deux sous-commissaires – ont-ils participé à ce passage à tabac ? La question hante une opinion publique scandalisée par ce drame survenu en plein exercice de fonction.
Le tribunal a clôturé les débats en fixant au jeudi 15 mai 2025 le prononcé du verdict. Les sept prévenus, inculpés d’homicide praeter intentionnel et de négligence ayant entraîné la mort, risquent des peines allant jusqu’à dix ans de détention. Reste à savoir si la justice militaire parviendra à restaurer la confiance en sanctionnant des agents censés incarner l’autorité de l’État.
Cette affaire dépasse le cadre strictement pénal : elle interroge les dérives sécuritaires autour des protocoles gouvernementaux. Le convoi de la cheffe du gouvernement, initialement symbole de légitimité étatique, est désormais associé à un meurtre qui continue d’émouvoir la nation. À l’heure où les réseaux sociaux amplifient chaque bavure, ce procès pourrait marquer un tournant dans le contrôle démocratique des forces de l’ordre.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd