Libreville, 9 mai 2025 – Les actionnaires de BGFI Holding Corporation ont marqué un tournant stratégique lors de leur Assemblée Générale annuelle. Avec un résultat net consolidé de 209,2 millions de dollars en 2024 et un dividende généreux de 20 dollars par action, le groupe financier panafricain affiche une résilience remarquable dans un contexte économique régional volatile.
Les comptes consolidés révèlent un total de bilan dépassant 10,1 milliards de dollars, confirmant la position de BGFI Holding comme pilier des marchés financiers d’Afrique centrale. Cette performance, tirée par une diversification géographique couvrant douze pays, soulève une question cruciale : comment le groupe compte-t-il maintenir cette dynamique face aux défis politiques et économiques de la région ?
La décision phare réside dans l’affectation des résultats : tout en alimentant les réserves via un report à nouveau, les actionnaires bénéficieront d’un dividende record. « Cette distribution équilibrée traduit notre double priorité : récompenser la fidélité des investisseurs tout en consolidant notre base capitalistique », analyse un expert financier basé à Kinshasa sous couvert d’anonymat.
Autre annonce majeure, le projet d’introduction de 10% du capital à la BVMAC dès juin 2025. Cette opération, qualifiée de « levier stratégique » par le PDG Henri-Claude Oyima, pourrait mobiliser près de 100 millions de dollars selon les estimations préliminaires. Une manœuvre qui positionne la Bourse régionale comme nouvel épicentre de la finance continentale.
La gouvernance renouvelée témoigne d’une continuité maîtrisée : reconduction de la commissaire aux comptes Deloitte pour six ans, nomination de nouveaux experts en audit financier, et maintien d’Eveline Fatou Tall comme administratrice indépendante. Ces choix institutionnels visent à rassurer les marchés sur la transparence du processus décisionnel.
L’ombre planant sur cette assemblée concernait la double casquette d’Henri-Claude Oyima, récemment nommé au gouvernement gabonais. Le dirigeant a balayé les craintes d’un conflit d’intérêts : « Notre feuille de route 2026-2030 intègre déjà des mécanismes de transition progressive », a-t-il assuré, évoquant un possible retrait orchestré « sans secousses » d’ici 2030.
Avec un effectif de 3 000 collaborateurs et une présence dans des économies clés comme la RDC et le Cameroun, BGFI Holding mise sur l’innovation bancaire pour compenser les risques sectoriels. Son projet d’entreprise 2026-2030, encore en gestation, promet d’accélérer la digitalisation tout en étendant son réseau d’agences dans les zones sous-bancarisées.
Les analystes restent néanmoins vigilants : la rentabilité du groupe (+5% par rapport à 2023) devra absorber les coûts de l’entrée en Bourse et les aléas politiques, notamment en Guinée-Équatoriale et en Centrafrique. La prochaine Assemblée Générale extraordinaire du 4 juin 2025 sera déterminante pour valider ce cap ambitieux.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
