Dans une salle de classe congolaise, combien d’élèves doivent encore s’entasser sur des bancs délabrés ou suivre les cours à même le sol ? Cette réalité, encore trop courante dans les écoles publiques de la RDC, vient de connaître une lueur d’espoir grâce à une initiative inédite. Le Service National (SN) a distribué 1 200 bancs-pupitres à quatre établissements scolaires de Kinshasa en une semaine, un geste qui dépasse la simple dotation matérielle.
Comment une initiative peut-elle à la fois transformer des vies et redonner espoir au système éducatif ? La réponse se niche dans l’origine même de ces mobiliers scolaires. Fabriqués par d’anciens délinquants communément appelés « kuluna », ces bancs symbolisent une double renaissance : celle d’une jeunesse marginalisée retrouvant sa place dans la société, et celle d’écoles publiques souvent laissées en rade.
« Avant, certains élèves devaient apporter des chaises de chez eux », confie un responsable de l’Institut Wangata, l’un des bénéficiaires. Aujourd’hui, les instituts techniques Ngaliema et industriel de Kintambo – 300 bancs chacun – tout comme les établissements Président Kasa-Vubu et Wangata, peuvent accueillir leurs élèves dans des conditions décentes. Une révolution silencieuse pour des milliers d’apprenants.
Mais derrière ces chiffres se cache un pari social audacieux. Le lieutenant-général Kasongo Kabwit, commandant du SN, souligne : « Ces jeunes fabriquent aujourd’hui ce qui permettra à d’autres de construire demain ». Un élève de Ngaliema résume cette philosophie : « Le chef de l’État montre par cette action que l’éducation et la réinsertion marchent main dans main ».
Quel impact concret cette initiative aura-t-elle sur le terrain ? D’abord une amélioration tangible des conditions d’apprentissage. Ensuite, un signal fort envoyé aux autres provinces, le SN ayant annoncé l’extension du programme. Reste à savoir si cette dynamique pourra s’inscrire dans la durée et répondre à l’immense besoin en infrastructures scolaires.
Cette opération illustre un changement de paradigme dans la gestion de la délinquance juvénile. Plutôt que la répression, le gouvernement mise sur la valorisation des compétences. Une approche qui interroge : et si la clé du développement passait par ce type de synergies entre éducation et sécurité sociale ?
Avec 2 400 bancs déjà distribués en deux semaines selon les chiffres officiels, le projet prend de l’ampleur. Mais le véritable succès se mesurera à deux critères : la pérennité de la réinsertion des ex-kuluna et l’amélioration effective des résultats scolaires dans ces établissements. Un défi complexe, mais qui semble enfin trouver des réponses concrètes.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net