À Kisangani, les agents de santé en première ligne contre les épidémies de MPOX et de choléra lancent un cri d’alarme. Dans la zone de santé de Makiso, ces professionnels dénoncent des conditions de travail précaires qui les exposent quotidiennement à des risques infectieux. Manque de matériel de protection, primes impayées depuis quatre mois, fatigue face à la double crise sanitaire… Comment protéger la population quand ceux qui la soignent sont eux-mêmes en danger ?
Le Dr Perris Litombe, porte-parole du personnel, décrit une situation explosive : « Nous combattons deux fronts épidémiques avec les mains nues ». Depuis janvier 2024, plus de 400 cas de MPOX ont été traités dans la région de la Tshopo. À cela s’ajoute depuis avril une résurgence du choléra, avec 21 cas déjà pris en charge. Les patients arrivent souvent à un stade critique, nécessitant des interventions urgentes.
Cette crise met en lumière un paradoxe dangereux : alors que l’OMS intensifie la prise en charge des malades, les soignants déplorent un « abandon institutionnel ». Leur principale revendication ? Le versement des primes de motivation promises, cruciales pour des agents souvent contraints de cumuler plusieurs missions pour survivre. « Travailler sans équipement adapté, c’est comme combattre un feu de brousse avec un verre d’eau », compare une infirmière sous couvert d’anonymat.
Le choléra, maladie pourtant évitable par des mesures d’hygiène basiques, continue de faucher des vies en RDC. En 2024, la province de la Tshopo enregistre des taux de létalité inquiétants – jusqu’à 3% dans certains foyers selon les experts. La MPOX (ex-variole du singe) présente quant à elle un défi différent : sa transmission interhumaine accrue nécessite des protocoles stricts souvent impossibles à appliquer sur le terrain.
Face à cette tempête sanitaire, le Dr Antoine Bitoko de la Division provinciale de la santé temporise : « Les solutions sont en cours ». Mais pour le personnel épuisé, le compte à rebours est enclenché. Chaque jour sans protection adéquate augmente le risque de contamination des soignants – potentiel vecteur de propagation communautaire.
Cette crise pose une question cruciale : la RDC peut-elle vaincre ses épidémies récurrentes sans investir dans son premier rempart sanitaire ? Les spécialistes insistent sur l’urgence d’une réponse holistique :
- Dotation immédiate en kits de protection individuelle
- Paiement rapide des arriérés de primes
- Renforcement des capacités de diagnostic précoce
- Campagnes de sensibilisation communautaire intensives
En attendant, les agents de Makiso continuent leurs rondes dans les quartiers à risque, munis de peu mais animés par une détermination qui force le respect. Leur combat souligne une vérité amère : en santé publique, la motivation ne peut rester indéfiniment le seul vaccin contre le découragement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net