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Conférence femmes Pretoria : Anny Tenga Modi porte la voix des Congolaises

Dans un hôtel de Pretoria où résonnent les échos de guerres lointaines, Anny Tenga Modi ajuste son micro devant une assemblée de regards fatigués mais déterminés. « Quand les armes se taisent, qui écoute vraiment les mères congolaises ? », interroge la militante, rappelant que 6 millions de morts en RDC n’ont pas suffi à alerter la communauté internationale sur l’urgence de protéger les femmes.

La Conférence de solidarité sur les femmes, la paix et la sécurité a transformé pendant trois jours la capitale sud-africaine en laboratoire des solutions féminines aux conflits armés. Aux côtés de délégations ukrainiennes, palestiniennes et soudanaises, la voix de la RDC portée par Tenga Modi a brisé le silence habituel sur les violences spécifiques subies par les Africaines.

« Notre expérience congolaise montre qu’on ne construit pas la paix avec des check-lists d’hommes en costume », assène-t-elle, dénonçant l’absence systématique des survivantes de violences sexuelles dans les négociations de cessez-le-feu. Son plaidoyer chiffré frappe : moins de 2% des fonds humanitaires atteignent les organisations féminines locales selon ONU Femmes.

La recommandation phare ? Créer des « brigades d’alerte précoce » composées de femmes dans les villages frontaliers. « Ce sont elles qui voient arriver les miliciens bien avant les drones occidentaux », explique Tenga Modi, citant l’exemple des réseaux d’information informels ayant permis d’éviter des massacres dans le Tanganyika.

Mais comment concrétiser ces ambitions ? Le projet de consortium panafricain présenté à Pretoria prévoit un mécanisme inédit : chaque dollar investi dans l’éducation des filles dans les zones de conflit déclencherait un financement équivalent pour la protection juridique des victimes. Une approche « gagnant-gagnant » saluée par l’Ambassade de Norvège, principal bailleur.

Pourtant, des questions cruciales restent en suspens. Pourquoi les résolutions de l’ONU sur les violences sexuelles en temps de guerre restent-70% inappliquées en RDC ? Comment expliquer que seules 3% des affaires de violences liées aux conflits aboutissent à des condamnations ? « L’impunité est une seconde agression », tonne la militante, réclamant des tribunaux mobiles et des formations accélérées pour les magistrats congolais.

La solidarité Sud-Sud émerge comme lueur d’espoir. Le partage de stratégies entre femmes congolaises et soudanaises a donné naissance à un protocole commun de documentation des crimes. « Nos sœurs de Khartoum nous ont appris à utiliser les enregistrements vocaux cryptés comme preuves judiciaires », révèle Tenga Modi.

Alors que les délégations quittent Pretoria, une interrogation persiste : ces engagements transformeront-ils le quotidien des femmes de Beni ou de Cabo Delgado ? La réponse viendra peut-être des 500 000 signatures déjà collectées pour créer un observatoire féminin de la paix, prochaine étape de ce combat qui lie désormais Kinshasa à Pretoria.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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