Dans les collines verdoyantes de l’Ituri, un souffle d’espoir traverse enfin les marchés de Djugu. « Je n’aurais jamais cru revoir ce jour », confie Mama Kahindo, commerçante à Dzudda, les mains tremblantes sur son étal de manioc. Comme elle, des centaines de personnes issues des communautés locales reprennent le chemin des échanges, après plus de deux mois de fermeture forcée. Trois marchés – Dzudda, Gina et Nyampala – rouvrent leurs portes, symbole fragile d’une cohabitation pacifique que beaucoup croyaient perdue.
Comment en est-on arrivé là ? Les tensions entre communautés, attisées par des années de violences et la présence de groupes armés, avaient transformé ces lieux de vie en zones fantômes. « On ne se parlait plus, on avait peur de l’autre », se souvient un ancien du village de Gina. La MONUSCO a alors initié un dialogue communautaire inédit, multipliant les réunions sous les manguiers pour reconstruire la confiance.
À Dzudda, premier marché à reprendre ses activités à 50 km de Bunia, l’affluence hebdomadaire dépasse désormais les attentes. « Chaque sac de sel échangé est une victoire contre la méfiance », souligne un notable local. Les casques bleus népalais patrouillent sans relâche aux alentours, leur présence rassurant des populations encore traumatisées par les attaques.
Mais cette renaissance économique cache-t-elle une paix durable ? Si les communautés se sont engagées à promouvoir le vivre-ensemble, les défis restent immenses. « Les blessures sont profondes », admet un médiateur de la MONUSCO. Les patrouilles conjointes avec les forces congolaises tentent de sécuriser les axes commerciaux, tandis que des comités locaux veillent à désamorcer les conflits naissants.
Cette réouverture des marchés pourrait-elle inspirer d’autres zones en crise ? Pour les habitants de Djugu, chaque jour sans incident renforce l’espoir. « Quand je vois mes enfants jouer avec ceux du village voisin, je me dis que la paix est possible », murmure Mama Kahindo. Un fragile miracle que les acteurs locaux entendent préserver, conscient que le chemin vers la réconciliation reste semé d’embûches.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net