L’Institution de Microfinance (IMF) Bisou Bisou S.A, acteur clé de l’inclusion financière à Kinshasa, a publié son rapport Pilier III pour l’exercice 2024, conformément aux exigences de la Banque Centrale du Congo (BCC). Ce document, dévoilé le 10 mai 2025, révèle un paradoxe saisissant : un résultat net déficitaire de -607,2 millions de CDF, masquant une résilience structurelle et des ambitions expansionnistes soutenues par des partenariats stratégiques, dont celui avec Vodacash.
Comment une institution en déficit parvient-elle à se positionner comme un pilier de la microfinance en RDC ? La réponse réside dans une analyse minutieuse de ses fondations. Malgré une perte attribuée à des charges opérationnelles élevées et à des investissements initiaux, l’IMF affiche un ratio de fonds propres solide, évalué à 2,32 milliards de CDF. « Cette première année d’opérations reste alignée sur nos prévisions », explique Paul Odimba, Directeur Général, soulignant une gestion prudente des risques et une adaptation aux régulations en vigueur.
Un déficit stratégique ?
Le rapport 2024 fonctionne comme un électrocardiogramme révélateur : si le résultat net affiche un rouge alarmant, le cœur institutionnel bat avec vigueur. Les 8 024 clients servis et 276 crédits octroyés illustrent une pénétration rapide dans le secteur informel, ciblant notamment les femmes et les jeunes. « Notre modèle inclusif nous permet de combler un fossé financier critique », ajoute M. Odimba, évoquant un portefeuille de produits adaptés aux réalités socio-économiques locales.
Digitalisation et partenariats : levier de croissance 2025-2027
L’IMF Bisou Bisou mise sur une transformation digitale accélérée pour inverser la courbe. Son partenariat avec Vodacash, opérateur de monnaie électronique, vise à déployer des crédits numériques et élargir sa couverture nationale. « Cette synergie nous permettra de réduire les coûts opérationnels tout en stimulant l’épargne », précise le DG. Objectif affiché : une augmentation des revenus de +98,15% en 2025 et +212,85% en 2026 grâce à l’optimisation des créances et à de nouveaux produits financiers.
Gouvernance et inclusion : les piliers de la crédibilité
Le renforcement des contrôles internes et des audits positionne l’institution comme un acteur fiable dans un secteur souvent fragilisé par les risques. Avec 85% de sa clientèle issue du secteur informel, Bisou Bisou incarne un pont entre l’économie non structurée et les standards prudentiels. Son capital social initial – 2,32 milliards de CDF – agit comme un matelas de sécurité, permettant d’absorber les chocs tout en finançant l’expansion.
Quelles leçons tirer de ce bilan en demi-teinte ? D’une part, les pertes initiales reflètent les coûts d’entrée sur un marché complexe. D’autre part, les projections budgétaires ambitieuses s’appuient sur une stratégie claire : capter les flux du numérique pour densifier l’inclusion financière. Si les risques de surchauffe existent – notamment liés à la qualité des créances –, l’IMF semble armée pour jouer un rôle central dans la bancarisation de la RDC. Son prochain défi ? Transformer l’essai opérationnel en profitabilité durable, sans trahir sa mission sociale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd