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Kinshasa vibre au rythme des plumes rebelles : la bataille pour les lettres congolaises

Dans l’effervescence culturelle de Kinshasa, sous les néons tamisés du Centre Miezi, une parole vibrante a résonné vendredi dernier. L’Association des Jeunes Écrivains du Congo (AJECO) y tenait un plaidoyer enraciné : celui des mots qui dansent entre l’intime et le collectif, entre les langues congolaises et l’âme d’une nation.

Trois voix ont tracé ce sillon littéraire avec la précision des artisans qui savent sculpter l’argile des origines. Edimon Lumbidi, linguiste au verbe aussi chaleureux que le soleil des savanes, a ouvert le bal des consciences : « Notre langue porte le souffle des ancêtres, les chuchotements du fleuve Congo et les rires des marchés de Matonge ». Son hommage à Bienvenu Sene Mongaba, pionnier des lettres en lingala, fait écho à cette urgence : écrire pour exister. Et si chaque roman en kikongo devenait un acte de résistance ?

Chancel Kapalang, écrivaine au port de reine luba, a déroulé le fil d’une mémoire tenace. Son lunda natal, gardien des récits initiatiques, devient bouclier contre l’amnésie mondialisée : « Nos langues sont des phares dans la brume de l’histoire. Les ensevelir, c’est enterrer nos dieux, nos proverbes, nos silences éloquents ». Sa dénonciation du complexe linguistique frappe comme un mbira désaccordé – pourquoi ce mépris pour le lingala des rues face au français des salons ?

Sensei Nduki, quant à lui, a brandi les chiffres comme des armes : 75% d’analphabètes dans les campagnes, des bibliothèques assoiffées de textes en tshiluba. Son plaidoyer pour l’éducation en langues maternelles résonne comme un tambour d’appel : « L’enfant qui lit dans sa langue natale ne dévore pas des mots, il savoure des morceaux d’identité ». Et si chaque manuel scolaire en swahili devenait un pont vers la connaissance ?

Dans cette salle où bruissaient les étoffes en pagne, un constat émergeait : la littérature congolaise se réinvente à travers ses langues comme le fleuve Congo se jette dans l’Atlantique – avec une force qui sculpte les continents. Ces écrivains de l’AJECO, artisans de la renaissance linguistique, tissent entre Kinshasa et le Kasaï un dialogue où chaque idiome devient fil d’or dans la tapisserie nationale.

Mais comment faire chanter ces langues dans un monde où l’algorithmique écrase les oralités ? Les défis persistent : éditeurs frileux, distribution chaotique, regards moqueurs envers le « français de cuisine ». Pourtant, comme le rappelle Lumbidi : « Quand un enfant chante l’hymne en lingala, c’est tout le territoire qui vibre dans sa poitrine ». Et si demain, les romans en kikongo envahissaient les librairies de la Gombe ?

Cette conférence-là n’était pas qu’un colloque. Ce fut une veillée littéraire où, entre deux cafés fumants, se rejouait la bataille de Diogo Cão – non plus avec des arcs, mais avec des plumes trempées dans l’encre de l’authenticité. Car écrire en langues congolaises, c’est planter des baobabs dans le désert de l’uniformisation culturelle.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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