Dans un contexte où l’accès au financement demeure un obstacle majeur pour les jeunes entrepreneurs congolais, une mesure phare vient de voir le jour. Le Fonds pour la Promotion de l’Industrie (FPI) et le Fonds de Garantie de l’Entrepreneuriat au Congo (FOGEC) ont rehaussé le plafond des crédits destinés aux porteurs de projets industriels âgés de 18 à 35 ans, passant de 15 000 à 50 000 dollars américains. Un saut quantitatif qui s’accompagne d’un taux d’intérêt préférentiel fixé à 4%, contre 6% auparavant.
Cette révision, formalisée par un avenant signé ce 8 mai 2025 au cabinet du ministre de l’Industrie Louis Watum Kabamba, matérialise le produit « VIJANA ». Ce dispositif conjoint FPI-FOGEC agit comme un levier financier inédit : tandis que le premier octroie les fonds, le second sécurise les prêts via des garanties adaptées aux réalités des jeunes sans patrimoine collateral. « L’objectif est de transformer l’essai entre potentialités économiques et création réelle de richesses », analyse un expert présent à la cérémonie.
Derrière ces chiffres se profile une stratégie sectorielle ambitieuse. Les bénéficiaires devront obligatoirement orienter leurs projets vers des unités de transformation industrielle, maillon faible de l’économie congolaise. Le ministère exige par ailleurs un suivi rigoureux des chronogrammes et des résultats, en écho direct aux directives présidentielles sur l’efficacité de l’action gouvernementale.
Avec déjà une cinquantaine de dossiers déposés et un appel à projets national en cours, l’initiative suscite autant d’espoirs que de questions. Les critères assouplis suffiront-ils à démocratiser l’accès au crédit ? La formation au montage de dossiers et au management industriel sera-t-elle intégrée au dispositif ? Autant de défis qui détermineront l’impact réel de cette réforme sur le tissu productif national.
Sur le plan macroéconomique, l’enjeu dépasse la simple injection de liquidités. En ciblant spécifiquement la transformation locale – secteur clé pour réduire la dépendance aux importations –, le gouvernement table sur un effet multiplicateur. Chaque dollar investi pourrait générer jusqu’à 3,5 dollars de valeur ajoutée selon les projections du FPI, à condition que les projets sélectionnés atteignent leur pleine capacité opérationnelle.
Reste à voir comment cette synergie public-public parviendra à concilier rigueur dans l’allocation des fonds et flexibilité nécessaire pour s’adapter aux réalités du terrain. La crédibilité du dispositif VIJANA se jouera sur sa capacité à transformer les subventions en véritables moteurs de croissance inclusive.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd