Alors que l’Union européenne (UE) célébrait le 75ᵉ anniversaire de la Déclaration Schuman, l’ambassadeur Nicolás Berlanga-Martinez a profité de cette Journée de l’Europe pour recentrer le débat sur les défis de la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans un discours percutant à Kinshasa, le diplomate a insisté sur la nécessité de mécanismes de vérification robustes pour les accords de paix, tout en réaffirmant le soutien européen à l’intégrité territoriale du pays.
« Pourquoi tous les accords de paix conclus ces dernières décennies n’ont-ils pas abouti à un résultat durable ? », a interrogé l’ambassadeur, pointant l’absence de redevabilité. Son plaidoyer pour une justice internationale capable de sanctionner les violations trouve un écho particulier dans un contexte où les sanctions UE contre le Rwanda visent directement des officiers soutenant le M23. En mars 2025, Bruxelles a ciblé huit responsables rwandais et rebelles, dont le président du M23 Bertrand Bisimwa, gelant leurs actifs et interdisant leur entrée dans l’espace européen.
Ces mesures, qui s’ajoutent aux sanctions onusiennes, illustrent la fermeté européenne face au conflit dans l’Est de la RDC. Le lien entre Kigali et la rébellion du M23 – dénoncé par l’ONU et Kinshasa – reste au cœur des tensions. En sanctionnant des figures clés comme le brigadier général Pascal Muhizi, commandant de la 2ᵉ division rwandaise déployée au Nord-Kivu depuis 2023, l’UE envoie un signal politique sans équivoque.
Pourtant, l’approche européenne ne se limite pas à la coercition. Le diplomate a souligné la singularité du partenariat UE-Afrique, notamment avec la RDC : « Nous ne vous demanderons jamais de choisir entre vos partenaires ». Une référence transparente aux récents accords miniers conclus avec les États-Unis, que Bruxelles ne perçoit pas comme une concurrence. « Intégrer plutôt que ségréguer » : cette philosophie guidera les prochains sommets UE-UA, dont une réunion ministérielle prévue le 21 mai à Bruxelles.
Cependant, le véritable test réside dans l’application des sanctions européennes contre le M23. Avec des personnalités comme Jean Bahati Musanga – gouverneur autoproclamé de Goma – désormais dans le collimateur, l’UE espère tarir les financements de la rébellion. Reste à savoir si cette pression isolée suffira à infléchir Kigali, dont le rôle dans la région demeure un sujet de friction diplomatique.
En défendant une paix « qui ne se construit pas sur l’oubli », l’UE tente de concilier realpolitik et principes. Mais sur le terrain, la résolution du conflit dans l’Est congolais nécessitera plus que des sanctions ciblées. Comme le rappelle un expert local sous couvert d’anonymat : « Sans pression sur les circuits financiers transfrontaliers et un dialogue inclusif avec les communautés, toute initiative restera lettre morte ».
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd